KröniK | DFDR - S/T (2007)


Si la lumière du jour lui sied finalement assez mal – il n’y a qu’à voir les ravages que peut causer le succès (relatif) sur les ténors norvégiens du genre pour s’en convaincre -, en revanche, c’est dans les caveaux humides, dans les cryptes brumeuses de l’underground que le black metal peut réellement proliférer telle une lèpre sinistre ; c’est dans ces méandres obscurs et infâmes que le feu brûle encore. DFDR en constitue encore une preuve supplémentaire. 

Derrière ce mystérieux patronyme se cache le nouveau projet de celui qui se fait appeler ici Sect Santhem, soit le troisième côté d’un triangle maléfique et impie, dont les deux autres répondent au nom de Grey et Sourhat. Par rapport à ceux-ci, DFDR creuse un sillon plus classique, loin des rivages aux confins du doom, comme peuvent aussi le pratiquer des hordes telles que Dolorian, Shining ou Forgotten Tomb, quand bien même on croise à nouveau cette même vermine mélancolique et maladive, ces mêmes riffs dissonants et parfois quasi hypnotiques. 

Norvégien dans l’âme ce premier essai ne comprend que quatre titres pour un peu plus de 25 minutes. C’est à la fois peu et suffisant pour se rendre compte du potentiel de la bête. Un potentiel à la fois musical et thématique qui plus est. Loin des crachats sataniques bas du plafond trop souvent de mise dans le genre, DFDR trace une idéologie qui s’inscrit dans un humus singulier dont l’origine géographique – la Lorraine – n’est pas le moindre des stigmates. 

Musicalement, on pense aux premiers Immortal (le chant notamment) et Satyricon. Si “ Useless Lives ” reste le titre le plus rapide du lot, les trois autres prennent davantage le temps de ralentir le tempo pour libérer leur venin. Quoiqu’il appuie par moment sur l’accélérateur, “ No Water Should Be So Red ” déverse avec largesse des atmosphères lancinantes et décadentes ; il navigue dans des eaux marécageuses et pourrissantes, surtout durant sa seconde partie, tandis que “ Cold Winds ”, que guident des riffs obsédants, dresse un pont avec le black doom de Grey. Plus malfaisant encore, “ Torment And Death ” a quelque chose d’une gangrène sonore, dont la seconde moitié résonne comme un appel, celui de la mort, celui d’un voyage sans retour dans les abymes de la décrépitude.

Un premier jet pour le moins convaincant et un groupe ( ?) à suivre de très près. (2008)


 

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