KröniK | Agalloch - The Mantle (2002)


Pour beaucoup, le "vrai" Agalloch prend naissance - à raison - avec The Mantle, fruit de plusieurs sessions d'enregistrement étalées entre novembre 2001 et avril 2002. Nonobstant de grandes qualités d'écriture, sur lesquelles nous ne reviendrons pas, Pale Folklore et Of Stone, Wind And Pillor montraient un groupe à la personnalité encore en gestation, ne sachant pas trop vers quelle direction tendre tout en étant certain de celle vers laquelle il ne veut pas se diriger, hésitant entre Black-Metal, Néo-folk et musique progressive. A l'image de sa formation, désormais durablement fixée autour de John Haughm (chant, guitare), Don Anderson (guitare, effet) et Jason William Walton (basse), The Mantle pose les bases pérennes d'une signature qui s'est enfin trouvée. C'est en rompant avec des racines noires qu'effacent une prise de son plus cristalline, plus lisse et la montée en puissance du chant clair, qu'Agalloch peaufine une personnalité résolument à part. Pourtant, la musique n'a finalement pas changé tant que cela, traçant toujours de longues compositions enracinées dans la géographie du Nord-Ouest américain. Mais la musique forgée par le trio se développe maintenant avec davantage de fluidité, de liant qu'autrefois, témoin le superbe instrumental "Odal", perle émotionnelle qui exprime une mélancolie qui voile l'ensemble d'une couleur grise prédominante. 


Les nombreuses parties de guitares acoustiques ("I Am The Wooden Doors", pourtant un des titres les plus "extrêmes" du lot) alimentent une ambiance automnale aux teintes trempées dans le désespoir. Entrecoupé de quelques pauses instrumentales ("The Lodge"), The Mantle déroule une toile plus évolutive qui annonce par ses envolées stratosphériques une scène Post-Rock encore balbutiante. L'épique "The Hawthorne Passage", qui résonne des seules bribes de paroles prononcées en fin de parcours, illustre cette direction qui trouvera son aboutissement quatre ans plus tard avec Ashes Against The Grain et plus encore avec The White. Plus que le chant Black de Haughm, c'est surtout la palette d'arrangements dont il convient de souligner la beauté, en même temps que la pureté de traits. Les lignes de guitares, quelles soient sèches ("... And The Great Death Of Earth") ou électriques ("In The Shadow Of Our Pale Companion") ont ainsi quelque chose d'un fil d'Ariane délicat tissant un maillage atmosphérique qui va devenir l'une des marques de fabrique du groupe. Même si notre préférence va vers ses deux successeurs longues durées dont Agalloch mettra paresseusement de (trop) longues années à accoucher, il n'empêche que cette seconde offrande reste celle qui a défini son identité, les œuvres suivantes, quelque soit leur format, ne faisant au final que la (re)travailler, la polir. C'est un second chapitre qui s'ouvre et une étape essentielle pour les Américains. (13.12.2011 | MW) ⍖⍖⍖
A lire : 
Live Report (25.03.2009)

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