KröniK | Ancestors - In Dreams And Time (2012)


En 2008, quand est sorti Neptune With Fire, son premier album, on se doutait bien qu'Ancestors irait loin. Il ne pouvait en être autrement. Ce mélange entre Stoner velu et envolées progressives digne du Pink Floyd du début des années 70 était rafraichissant, jubilatoire à défaut d'être très personnel. Un an plus tard, Of Sound Mind confirmait à la fois le potentiel des Américains et soulignait plus encore l'influence du groupe de David Gilmour. Cette seconde offrande allait-elle fixer durablement le style du quintet ou bien ne serait-il qu'une étape ? Davantage que le split partagé avec Graveyard puis l'EP Invisible White, c'est In Dreams And Time, son successeur, qui apporte la réponse à cette question. Sa splendide pochette, renouant avec celles concoctées par Hipgnosis, fameux collectif à l'origine des visuels d'Ummagumma, House Of The Holy ou Difficult To Cure - laquelle justifie à elle seule l'achat de la version vinyle, format pour lequel elle semble avoir été conçue - ne saurait laisser planer le doute quant à la réalité du socle floydien sur lequel la musique d'Ancestors s'enracine. Une musique par ailleurs étonnamment digeste et d'une belle fluidité qui permet en 66 minutes (pour six titres seulement !) de ne jamais être terni par de quelconques longueurs. Moins Doom qu'à ses débuts donc, le groupe fait la part belle à son amour pour le rock progressif, un rock qui conserve cependant la lourdeur d'une enclume. Exception faite de "The Last Return", auquel le chant féminin de Carah Faye confère un air de "The Great Gig In The Sky", les cinq autres morceaux voisinent tous avec les dix minutes (voire même au delà pour le dernier d'entre eux), blocs plus atmosphériques que massifs, illustrant la maîtrise à laquelle est parvenu Ancestors en l'espace de quatre ans. 


Si "Whispers" peut encore arrimer ses auteurs à une forme, lointaine toutefois, de Stoner, les titres suivants, "Corryvreckan" et "On The Wind", par exemple, font plus que braconner sur les terres du Pink Floyd époque Meddle et surtout The Dark Side Of The Moon. La présence écrasante de claviers et piano et le chant moins rugueux participent d'une référence qui, bien qu'évidente, réussit à ne jamais être embarrassante car les Américains ont su la digérer pour aboutir à un mix équilibré entre tapisseries aériennes et guitares plombées ("Running In Circles"). A la fois lourdes et cosmiques, ces compos ont quelque chose de plateforme, de piste de décollage où les musiciens tricotent des motifs épiques ou plus psychés, comme le leur permet le terminal "First Light" qui, du haut de ses quasi 20 minutes de bonheur, reste le gros morceau de l'album. Son (long) pan instrumental (ou presque) dont le son d'orgue semble tout droit échappé du cerveau de Richard Wright cependant que la guitare s'en va très haut chatouiller les cieux en une élévation puis un final d'une planante tristesse fera indubitablement penser à "Echoes"... Mais qui s'en plaindra ? Et tant pis si le chant n'est pas tout à fait comme on aurait aimé qu'il soit, car la classe folle et le feeling gomment les menus défauts de ce groupe décidément précieux. Loin de l'imagerie Viking incongrue de mise sur Neptune With Fire, Ancestors a désormais trouvé son identité tant musicale que visuelle. Comment faire du neuf avec du vieux peut-être, mais le plaisir est là, le talent également, c'est bien l'essentiel ! (24.07.2012 | MW) ⍖⍖⍖

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