KröniK | Hexvessel - No Holier Temple (2012)


Rares, dans le Black Metal, sont les chanteurs capables d'imposer leur griffe, de transcender tous les projets auxquels ils participent. Mat McNerney, plus connu sous le nom de Kvohst, est de ceux-ci. A lui, seul le Scandinave d'adoption a propulsé vers des sommets d'une beauté noire rarement atteints le Nouveau Gloaming et, dans une moindre mesure, le Resplendant Grotesque de (Code) dont on peut légitimement s'interroger sur sa capacité de survivre à son départ. Hexvessel est son jardin secret. Ceux qui espèrent y croiser cet art noir bouillonnant d'un éclat baroque en seront pour leur frais puisque ce projet que Kvohst a fondé avec des musiciens de Tampere dont certains jouent, semble-t-il, au sein de Dark Buddha Rising, ne noue absolument aucun lien avec la musique qui a fait sa renommée. Encore que, de par sa dimension rituelle évidente, Hexvessel n'est pas éloigné de cette frange du genre mêlant chamanisme et ondes noires, gravitant au contraire quelque part entre un Neofolk progressif teinté d'étrangeté et un rock psychédélique forestier et poétique. Bref, assez inclassable, la musique façonnée par le groupe n'en est que plus belle. Plus mystérieuse aussi, à l'image du visuel, superbe, de No Holier Temple, sa seconde offrande après le déjà remarqué Dawnbearer, porte d'entrée que l'on a envie de pousser tant elle attire autant qu'elle intrigue. 


Balisée par de courtes pièces, instrumentales ("Wilderness Is") ou pas ("Are You Coniferous"), l'œuvre déploie sa richesse par l'entremise d'une poignée de tableaux peints grâce à une étonnante palette de couleurs et de pinceaux. Chœurs féminins, trompette déchirante ("Woods To Conjure"), sons libérés par un harmonium duveteux ("A Letter In Birch Bark"), notes de violon perturbantes et autre nappes de Mellotron hanté (le quasi Doom "His Portal Tomb") participent d'un rituel pastoral dont le guide demeure néanmoins toujours Kvohst dont les lignes de chant procurent des frissons... Témoin ce "Sacred Marriage" baignant dans des effluves psyché sixties que tapissent guitares électriques et orgues bucoliques et qui est très certainement le chef-d'œuvre de cet album qui peut également compter sur les treize sombres minutes de "Unseen Sun" pour flirter avec le divin. Evoquant autant Pink Floyd, King Crimson que Van Der Graaf Generator, No Holier Temple touche au sacré, liturgie d'un culte forestier belle dans sa dimension contemplative, plus proche du Rock progressif que du pur Black Metal dont on serait bien en peine d'en débusquer la moindre racine dans cette terre nappée d'une lumière automnale. Preuve en est, encore une fois, de l'ouverture d'esprit de nombre d'artistes trop vite réduits à de médiocres musiciens. Difficile d'accès, cet opus se mérite, ne délivrant pas les clés permettant de le comprendre dès les premières écoutes. Mais au bout de ce chemin noueux aux multiples et colorées influences, quel bonheur pour qui saura le goûter ! (02.11.2012 | MW) ⍖⍖⍖

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