KröniK | Annihilator - Criteria For A Black Widow (1999)


A la fin des années 90, soit dix ans après le succès d'Alice Hell, Jeff Waters ne va pas très bien. Malgré de bons albums, Annihilator est sur une pente commerciale descendante et ses fans ne comprennent pas les tentatives Indus de Remains qu'ils boudent... à tort. Qui plus est, les problèmes familiaux que le Canadien doit affronter à cette époque achèvent de faire de ces années la période la plus sombre de sa carrière. Criteria For A Black Widow se veut une réponse à ce double contexte, tant humain que musical. Le guitariste trouve plus que jamais en Annihilator une catharsis. Peut-être pressé également par Roadrunner, Waters décide de revenir, non pas à ce qu'il sait faire de mieux (quoique) mais à ce que tout le monde attend de lui. Si l'on ne peut douter de la sincérité du bonhomme, le fait est que ce septième album studio souffre de son côté calculé et trop peu spontané, pour lequel Jeff a réuni pour l'occasion une partie du line-up qui enfanta le premier opus, soit le chanteur Randy Rampage et le batteur Ray Hartmann, sans compter le revenant John Bates pour les textes. Qu'il s'agisse de musique ou de cinéma, lorsqu'un artiste met en jachère sa liberté pour plaire à son public, cela ne peut aboutir qu'à un échec artistique. 


Sans aller jusqu'à qualifier de la sorte Criteria For A Black Widow, au demeurant plus réussi que son visuel malheureux pourrait le faire croire, il est tout de même permis de lui préférer la copie originale, Alice In Hell donc, ou bien Refresh The Demon, voire même le décrié Remains, plus audacieux. Ceci dit, Waters étant ce qu'il est, c'est-à-dire un excellent compositeur doublé d'un musicien talentueux, l'album est loin, très loin même, d'être mauvais. Emaillé de nombreux brûlots de la trempe des classiques d'autrefois, son menu s'enfile avec aisance, retrouvant cette énergie que d'aucuns estiment qu'elle avait déserté le 'gratteux' depuis quelques années alors qu'elle ne l'a en réalité jamais vraiment quitté ! Effaçant de son disque dur ses velléités expérimentales, il revient à une recette consommée mais efficaces et au succès garanti. "Bloodbath", "Back To The Palace", dont le titre se passe de commentaire, ou le très bel instrumental "Schizos (Are Never Alone) Part III", à l'entame ourlée d'une mélancolie certaine, ou le percutant "Loving The Sinner", respectent leur cahier des charges et c'est sans doute très bien ainsi. Mais Remains, en conjuguant puissance dévastatrice et audace, était plus inspiré sinon plus personnel. Reste que sans Criteria For A Black Widow, il n'y aurait sans doute pas eu Carnival Diablos, l'album de la Vraie résurrection, ni photocopie de Never, Nerverland ni œuvre foncièrement originale, plus proche en cela de King Of The Kill, mais juste le reflet d'un Annihilator plus mâture. (20.09.2012 | MW) ⍖⍖

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