KröniK | Moonsorrow - V : Hävitetty (2007)


Bathory est mort. Vive Bathory ! Comment en effet ne pas songer à l’œuvre du regretté Quorton à l’écoute de ce cinquième effort des Finlandais de Moonsorrow ? Un souffle grandiose identique à celui qui habitait le mythique Twilight Of The Gods, semble emporté Hävitetty. Ce que beaucoup pressentaient suite à la sortie il y a deux ans de Verisäkeet, album qui incarnait en quelque sorte la naissance d’un nouveau Moonsorrow, moins folk à la finlandaise et plus viking à la norvégienne, éclate désormais au grand jour. Fini les mélodies, certes déjà épiques, mais parfois un trop festives, aujourd’hui le groupe est devenu méchant, même si toujours très mélodique, et mérite amplement sa place au sein de la confrérie black metal. Poussant de fait le bouchon encore plus loin que son prédécesseur, que seuls déjà cinq titres architecturaient, Hävitetty (enfer en finlandais) ne se compose que de deux très longues plages pour presque une heure de musique. Les musiciens prennent leur temps donc, mais cette durée, que d’aucuns jugeront sans doute par trop excessive, voire même opportuniste (faire des morceaux le plus longs possible est à la mode), reste le format adéquat pour délivrer le souffle épique propre au viking metal, pour faire rugir le vent du Grand Nord. 


Du haut de ses 30 minutes, le premier pan, tour à tour acoustique, atmosphérique ou vindicatif, s’impose comme un monument du genre, sorte de synthèse des grands Anciens, Bathory, Enslaved, Satyricon et Ulver. Après un pan introductif quasi contemplatif, le titre s’élève peu à peu au fur et à mesure qu’il se fait de plus en plus rageur, porté par des chœurs grandioses et enivrants. Les éléments empruntés au folk façon Finntroll affleurent encore par moment, mais comme ils sont étouffés par la furie et l’ampleur quasi mythologique du pur black metal, ils s’incrustent dans l’ensemble avec discrétion et équilibre. Le second morceaux enfonce le clou et démontre que le groupe est décidément passé maître dans l’art de la chevauchée viking, tout en demeurant celui des deux qui reste le plus emprunt des oripeaux du passé (on pense notamment à l’album Kivenkantaja). Il n’est cependant pas avare en accélérations furieuses. Il va sans dire que le casting est à la hauteur de l’entreprise : Ahti Kortelainen derrière la console, mixage aux Finnvox Studios sous la houlette de Mika Jussila, pochette confié à l’incontournable (trop peut-être ?) Travis Smith. Si pendant des années, la Finlande faisait office de parent pauvre du black scandinave, la réussite de Moonsorrow (comme celle de Ajattara et de Horna, dans des créneaux bien différents) démontre que le pays aux milles lacs n’a rien à envier à ses voisins nordiques en matière de metal noir. Muni d’un tel missile, on attend les concerts avec une impatience non feinte. (05.08.2007) ⍖⍖⍖

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