KröniK | Baroness - Purple (2016)


Baroness fait partie des rares formations contemporaines à avoir su imposer au fil du temps une identité autant visuelle que sonore, laquelle doit forcément beaucoup à John Baizley, à la fois fondateur, chanteur et graphiste dont les artworks, superbes, se révèlent tellement reconnaissables qu'on associe de facto au groupe de Savannah, les nombreuses pochettes que le bonhomme réalise par ailleurs pour Torche, Black Tusk et bien d'autres. Baroness, c'est donc un univers coloré au style très marqué, qui gravite quelque part entre sludge émotionnel et progressif trapu mais c'est aussi un concept, chaque album répondant au nom d'une couleur. Après le rouge, le bleu, le jaune et le vert, les Américains ont choisi le pourpre pour baptiser leur quatrième offrande qui a bien failli du reste ne jamais voir le jour, suite au grave accident dont ses auteurs furent les victimes en 2012 avec leur tour-bus. Ceux-ci ont-ils puisé dans cette épreuve une volonté, une énergie qui commençaient à s'étioler, témoin ce Yellow & Green (trop) contrasté et traînant en longueur ? Possible, mais laissons de côté ce genre d'analyse de bazar, facile et vaine. Toujours est-il que le quatuor livre avec Purple l'opus que nous attendions tous après un Blue Record référentiel. 


N'allez cependant pas croire que Baroness ait décidé de renouer avec le son crasseux de ses balbutiements, au contraire, il reste fidèle à la signature qui a fait son succès, d'une trompeuse simplicité, capable de brasser un large public. Toutefois, il n'en demeure pas moins vrai que sa musique se pare de cette nervosité acérée dont était un peu avare le disque précédent. Il en découle un ensemble compact et ramassé, à l'intérieur duquel se niche toujours cette singulière ambivalence que nourrissent ces aplats surpuissants et cette voix fragile teintée d'amertume. Mélodique et tendu comme le foc d'un navire, l'inaugural 'Morningstar' synthétise avec force et élégance cette écriture nuancée. Relativement court, l'album est tout du long traversé par ces tumultes qui l'empêchent de se noyer dans le sirop, piège parfois évité de peu, il est vrai. Mais il y a toujours ces riffs féroces ou ces soli que ne renierait pas Brian May de Queen qui sauvent de la niaiserie des titres tels que 'Try To Disappear',  'Chlorine & Wine' et surtout 'If I Have To Wake Up (Would You Stop The Rain)', soulignant par là-même l'importance du guitariste Peter Adams dans l'érection de sonorités aux accents évolutifs. Extrêmement dynamique, Purple ouvre les vannes d'une mélancolie qui poisse la majorité des morceaux, à l'image de 'The Iron Bell' ou 'Kerosene', tavelée de discrètes effluves electro cependant que des lignes tordues à la Mastodon se faufilent au milieu. Baroness signe un grand disque qui devrait le réconcilier avec ses fans que "Yellow & Green" avait quelque peu déçus. (30.01.2016 | MW) ⍖⍖⍖

                                      

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