KröniK | Oldd Wvrms - Ignobilis (2016)


Nous en étions restés là avec ces Belges venimeux. Qu'elle ne fut donc pas notre surprise en déflorant Ignobilis, nouveau méfait longue durée qui succède (déjà) à Ritae, premier LP enfanté il y a quelques mois à peine, de découvrir un groupe, de prime abord, bien différent ! De fait, si son titre comme son visuel aux remugles de sorcellerie fétide, semblent arrimer cet opus à ses devanciers, son architecture faite de plaintes au format démesuré (entre 8 et 12 en moyenne !) ainsi que sa lenteur pétrifiée contribuent à l'éloigner de ce socle originel. Une écoute attentive confirme pourtant que Oldd Wvrms n'a pas vraiment mis de l'eau dans son vin (de messe), puisant au contraire dans ces modelés à la fois pesants et atmosphériques une noirceur plus mortifère encore. Faussement posé, son art bouillonne en réalité plus que jamais d'une négativité obscure, sève ferrugineuse et impie qui coule tel un pus sur la surface granitique de compositions dont la durée leur confère des allures de rituels séculaires. Ignobilis écarte ses lèvres avec Délétère, pulsation presque immobile dont la dimension hypnotique égrenée par des percussions chamaniques est soulignée par un chant profond aux allures de psalmodies empoisonnées et des guitares polluées qui raclent la terre. 


A cette entame intrigante s'enchaîne le non moins surprenant Amongst The Pines, véritable messe noire où s'accouplent lignes de basse déglinguées, incantations féminines, riffs vicieusement épais et nappes ambient en une lente rumination. Puis survient Scorn, supplique lancinante que tissent des instruments prisonniers d'une gangue de plomb. On y retrouve ce chant masculin, sombre et sentencieux tandis que les guitares aux griffes thrashy l'entraînent vers la mort avant que Hear Them Sing While They Burn ne plante le dernier clou, conclusion étouffante que vient enténébrer la voix caverneuse de Stéphane Azam (Crown). Si à mi-parcours, les traits se font plus pointillistes, distillant alors une tristesse déchirante, très vite, l'horizon se noircit de hachures, plongeant l'écoute dans un abîme vertigineux qu'aucune lumière ne peut atteindre. Les vocalises écorchées accompagnent, tels d'ultimes râles de douleur, cette inexorable marche funéraire après laquelle rien ne peut subsister. Bloc de matière noire, Ignobilis épouse la forme d'un long rituel d'une sourde intensité dont le venin sinistre s'infiltre peu à peu, sournoisement, dans notre âme qu'il infecte pour toujours... (18.09.2016 | LHN) ⍖⍖⍖
A lire :
L'entretien (01/2017)

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