KröniK | Clint Eastwood - Mystic River (2003)


Après plusieurs années qui l'ont vu enchaîner les  (bons) films au succès relatif, exception faite de Space Cowboys (2000), Clint Eastwood renoue enfin avec la réussite tant commerciale que critique grâce à Mystic River. Le point de départ est un roman de Dennis Lehane dont il confie l'adaptation à Brian Helgeland avec lequel il avait déjà collaboré pour Créance de sang mais pour un résultat bien inférieur et surtout moins fidèle au texte d'origine, ceci expliquant sans doute cela. Lehane affirmera plus tard que, parmi tous les films adaptés de son travail, celui de Eastwood demeure son préféré. Il faut dire que Clint a parfaitement su retranscrire l'ambiance et la psychologie du bouquin. Sous la couche du polar se développe en réalité une histoire tragique où les personnages ne peuvent échappés à une funeste fatalité. Le récit explore avec pudeur et justesse les conséquences que peut avoir un drame dans la vie de plusieurs personnes. Le film brasse de nombreux thèmes : la vengeance, la justice, la religion, avec en toile de fond un traumatisme profond vécu par Danny quand il était enfant et dont le nom incomplet gravé à jamais dans le bitume, symbolise une vie brisée. 

L'échec de Blood Work incite le réalisateur à commencer à mettre en retrait sa carrière devant la caméra. Il se concentre ici sur la mise en scène, ample et fluide où il alterne plans d'ensemble en plongée et cadres resserrés, aidé par la photo froide du fidèle Tom Stern. Il soigne comme toujours sa direction d'acteurs, tirant le meilleur de sa triplette de comédiens, Tim Robbins, Kevin Bacon et Sean Penn, quand bien même ce dernier n'est parfois pas loin de trop en faire. Derrière chacun de leur rôle se dresse une femme, forte (Annabeh, jouée par Laura Linney), faible (Celeste, qu'interprète Marcia Gay Harden) ou mutique (Lauren), qui toutes les trois interviennent à leur manière dans la destinée de l'homme dans l'ombre duquel elles vivent. La Mystic River, où les péchés et les secrets sont lavés, forme un dernier personnage, omniprésent, qui coule le long de ses vies anéanties. On notera enfin la présence de Eli Wallach en épicier, savoureux clin d'oeil au Bon, la brute et le truand. Triomphe couronné de prix, pour ses comédiens notamment, Mystic River ouvre pour Clint un nouveau chapitre, celui de la consécration durable et définitive. (2005) ⍖⍖⍖⍖





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