KröniK | Glenn Hughes - Resonate (2016)


Le temps, les années qui passent, semblent n'avoir aucune prise sur Glenn Hughes dont la voix n'a rien perdu de sa puissance, source inépuisable de frissons, contrairement à celles de maints autres chanteurs de sa génération aujourd'hui souvent à la peine, sauvant les meubles en studio mais incapables d'assurer sur scène. Mieux, après une décennie, les eighties où il ne fut que l'ombre de lui-même, esclave de la cocaïne, réduit à faire des backing vocals chez ceux qui se souviennent alors encore de lui, il est permis d'affirmer que le bassiste au timbre de feu connaît depuis la fin des années 90, plus qu'une seconde vie, ce qui est tout simplement son apogée artistique, multipliant albums solo de grande classe (Soul Mover, Music For The Divine...) et collaborations orgasmiques (Black Country Communion, California Breed etc...). Même si, pour beaucoup, il restera éternellement associé à ses pourtant éphémères passages chez Trapeze et surtout Deep Purple. Alors qu'il avait délaissé sa carrière en solitaire depuis 2008 et First Underground Nuclear Kitchen, après l'avoir abondamment et régulièrement enrichie depuis From Now On (1993), pour se concentrer sur les super-groupes cités plus haut, Resonate marque le retour de cette légende vivante sous propre nom. Et encore une fois, nous ne saurions bouder notre plaisir face à ce témoignage supplémentaire de la forme insolente qu'affiche toujours le bonhomme malgré ses soixante-quatre ans au compteur. De fait, quand nombre de vétérans s'enlisent dans une musique d'un autre âge ou serrent le frein à main pour se promener tranquillement sur un terrain plus posé voire acoustique, Glenn Hughes demeure fidèle à lui-même et à ce rock ni poussiéreux ni mou de la douille, aussi puissant qu'intemporel. 


Si son prédécesseur portait bien son nom, acronyme du mot "funk", ce nouvel opus démarre quant à lui sur le tout aussi justement nommé 'Heavy', manière d'affirmer d'emblée que son géniteur est encore loin de sucrer les fraises. Reste que cette dureté de trait est toutefois enrobée d'atours moelleux grâce à ces vocalises riches de nuances, tour à tour haut perchées ou plus funky. Tout du long, de 'My Town' à 'God Of Money', cette lourdeur plombée que nimbent des claviers humides et chaleureux confère à Resonate ce socle épais qui fait de lui une des offrandes les plus heavy justement de Glenn Hughes en solo, sans pour autant affoler le compteur Geiger comme a pu le faire le Fused (2005) qui l'associait au jeu tellurique de Tony Iommi. Quoiqu'épaulé par un groupe entièrement acquis à sa cause, que composent le guitariste et producteur danois Søren Andersen, le claviériste australien Lachlan Doley et le batteur suédois Pontus Engbourg, lequel laisse son kit à l'ami Chad Smith (Red Hot Chili Peppers) le temps de deux titres, musiciens que Glenn ne muselle jamais, comme le prouvent ces soli racés ('Flow') ou ces orgies de claviers échappées des années 70 ('Steady'), ce sont bien sa basse vrombissante et sa voix inimitable qui se bonifie comme le bon vin, qui alimentent ces concentrés d'énergie tous plus imparables les uns que les autres, riches de belles nuances, souvent colorées ('Landmines'), énergiques toujours et dont la puissance trapue ne les exonère ni d'une forme de beauté, à l'image du soyeux 'When I Fall', ni en émotions. Démarrant sur les chapeaux de roue, plus l'album avance, plus il dévoile ses courbes les plus veloutées ('Long Time Gone'). Il s'agit donc encore une fois d'une belle réussite à mettre l'actif de Glenn Hughes, moins funk, plus heavy mais toujours positif et touché par le Divin. (19.12.2016 | MW) ⍖⍖⍖


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