Ceux qui s'attendaient à voir Nydvind en tête d'affiche de cette soirée du 21 janvier en seront pour leur frais car, release party oblige, c'est Ethmebb qui patronne cette date. Pour l'occasion, nos furieux chevaliers se sont bien entourés, comme vous allez vous en rendre compte.
Quand les membres de Kozmik Monkeys déboulent sur scène, affublés de masques piqués à la série de La planète des singes des années 70, on se dit que la rigolade va être rendez-vous avec ce chauffe-salle improbable. Tout faux, le groupe nous assène au contraire une sorte de stoner doom (forcément) velu qui ne plaisante pas vraiment. Qui sont les gars qui se cachent derrière cet attirail de boutique de farces-et-attrapes ? Nous l'ignorons, mais la teneur jubilatoire de cette bûche aux relents cosmiques nous a fait regretter l'absence de merchandising. Les compos, la technique, l'attitude, tout y est. A revoir et à écouter d'urgence !
Changement de registre (à tous les niveaux) avec Gargantua, formation francilienne visiblement très attendue ce soir. Refusant d'être inféodé à quelque style que ce soit, celle-ci propose un metal extrême décoiffant qui passe à la moulinette black, death, thrash, prog et bien d'autres choses encore, avec une maîtrise un peu folle. Cela pourrait être bordélique sinon pesant comme un repas indigeste mais réussit au contraire à tout emporter sur son sillage, grâce à une bonne humeur évidente et une envie d'en découdre qui ne l'est pas moins. Au côté du chanteur Forcister Usuroae particulièrement en forme, cohabitent notamment une guitariste à l'énergie féline et un claviériste qui n'hésite à se lancer dans un solo d'accordéon ! Une bonne surprise pour ceux qui ne connaissaient pas ce combo auteur d'un EP, "Avant-propos", des plus prometteurs.
Place ensuite à Nydvind qui tranche par rapport au reste de l'affiche, tant par sa notoriété qui n'est plus à démontrer que par son nordic heathen black metal. Comme d'habitude, le groupe envoie le petit bois sans avoir besoin de quelconque artifice. C'est la pureté d'un art séculaire et majestueux, taillé dans la roche froide de montagnes mythologiques. Arc-bouté sur son Ibanez, Richard Loudun (aka Hingard) donne tout ce qu'il a, solidement soutenu par ses frères d'armes Kraban (Heol Telwen, Bran Barr) à la basse, Nesh (Azziard) à la guitare et Stig derrière les fûts. La set-list a la bonne idée d'être axée sur "Eternal Winter Domain", première offrande légendaire dont la pièce éponyme ou 'Thunderhymn' font toujours souffler le blizzard. Si "Sworn To The Elders n'est pas oublié, un nouveau titre qui nous met l'eau à la bouche, se glisse judicieusement au milieu de ces hymnes éternels, avant-goût d'un troisième album (enfin !) que les plus pessimistes n'espéraient plus. Bref, encore un concert impeccable de la part de nos Vikings préférés.
Après cette déflagration glaciale, on s'inquiète un peu pour Ethmebb qui a donc la lourde tâche de succéder à Nydvind et de clore la soirée, inquiétude vite balayée par une formation qui peut compter sur un public acquis à sa cause. En dépit de sa relative fraîcheur (il a déjà dix ans au compteur), le quatuor livre une prestation qu'aucune approximation ne vient grever, resituant avec précision et fidélité toutes les nuances de "La quête du Saint Grind" dont on fête ce soir la sortie. Point de grind à l'horizon mais un death metal épico-progressif à la fois sautillant et implacable. Heureux d'être là et décontractés, les musiciens déroulent un set galopant, qui s'achève en joyeuse partouze lorsque débarque sur scène l'accordéoniste de Gargantua avec au bout du chemin le (sacré) Graal !
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