KröniK | Avatarium - Hurricanes And Halos (2017)


Dans la vie d'un musicien, il y a des rencontres qui ont plus de valeur que d'autres. Pour Leif Edling, figure tutélaire du doom que l'on ne présente bien sûr plus, la jonction entre son inoxydable talent de compositeur et celui de Marcus Jidell, longtemps guitariste chez Royal Hunt avant de faire un passage rapide du côté de Evergrey (sur Glorious Collision), marque un évident tournant dans sa pourtant longue et foisonnante carrière. D'abord associés, en live seulement, dans Candlemass, les deux hommes ne se quittent plus depuis quatre ans, entre Avatarium et The Doomsday Kingdom, soit déjà quatre albums (sans compter quelques miettes) mis en boîte. C'est comme si le bassiste avait enfin trouvé son partenaire idéal, son alter-ego, pour former une paire promise à devenir légendaire dans le giron d'un heavy doom enrichi d'arabesques progressives. Un an et demi après avoir accouché de The Girl With The Raven Mask qui faisait mieux que transformer l'essai alors que son éponyme devancier avait pourtant placé la barre très haut, Avatarium revient déjà avec un Hurricanes And Halos qui affirme encore davantage la flamboyante et chaleureuse signature d'un (super) groupe qui transforme le plomb en or.  Secondé par les fidèles du bassiste Suédois, le batteur Lars Sköld (Tiamat) et le claviériste Carl Westholm (Jupiter Society), le noyau dur de la formation reste plus que jamais constitué par la guitare biberonnée aux années 70 de Jidell, par le chant tragique et aérien de sa muse, Jennie-Ann Smith et par la forte présence de Leif Edling alors même que celui-ci a abandonné la basse à Mats Rydström mais son écriture aisément identifiable donne l'impression que ces lignes telluriques émanent pourtant bien de sa quatre cordes en acier trempé. 


Il suffit d'écouter 'A Kiss (From The End Of The World)' et son armature ultra pesante, pour mesurer combien sa patte demeure prégnante. Le mimétisme est impressionnant et l'on n'y voit que du feu. Le vétéran n'a donc pas besoin d'être là, en studio, pour apposer sa griffe. La puissance de son souffle créateur n'étant plus à prouver, "Hurricane And Halos" ne déçoit pas. Mieux, il précise encore un peu plus une identité entre hard rock, doom et musique progressive. Un peu comme si les Deep Purple et Rainbow de l'âge d'or, shootés au Viagra par boîte de douze, s'accouplaient avec un organe féminin brillant d'un étrange éclat magnétique. Il y a d'ailleurs du Ronnie James Dio dans l'expressivité de ce chant dont les envolées évoquent aussi celles de Mats Leven (Krux) ou de Robert Lowe (Candlemass), forcément. Pourtant, s'il signe six des huit morceaux de cette troisième offrande, Edling paraît cette fois-ci moins présent car il a su couler son écriture dans le creuset forgé par le couple dont la complicité et la personnalité explosent lors de l'orientalisant 'Road To Jerusalem' qui, associé à 'Medusa Child', joyau d'un doom évolutif, tavelé d'une couche de tristesse et que hante le fantôme de Jon Lord, entraîne le tout vers des cimes de beauté. Avec l'intelligence qui le caractérise le bassiste s'efface, permettant à toutes les forces qui irriguent le son du groupe de fusionner. Le résultat est un disque plus homogène que ses prédécesseurs, témoin ce 'Into The Fire - Into The Storm' qui, dans la grande tradition blackmorienne, lance l'écoute de manière incisive et sur lequel plane l'ombre de l'homme en noir tandis que les claviers dégueulent de partout. Plus atmosphérique, 'The Starless Deep' se montre envoûtant, 'The Sky At The Bottom Of The Sea' abat le petit bois, 'When Breath Turns  To Air' plonge l'écoute dans une ambiance duveteuse, lente et délicate respiration, cependant que la conclusion éponyme égrène son caractère instrumental avec une justesse épurée. Hurricanes And Halos trouve l'équilibre parfait entre la force brute du doom et les arômes subtils d'un (hard) rock progressif en un alliage puissamment incarné par un chant féminin qui rayonne d'un sombre éclat.(08.06.2017 | MW) ⍖⍖⍖



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