Après quasiment deux décennies à végéter dans les emplois secondaires, Charles Bronson accède enfin au sommet de l'affiche à la fin des années 60 lorsque, sur les conseils de son épouse Jill Ireland, il prête son visage buriné et sa virilité rocailleuse au cinéma européen, français (Adieu l'ami, Le passager de la pluie) et surtout italien (Il était une fois dans l'Ouest, La cité de la violence). Sous la houlette de Michael Winner, un Anglais expatrié aux Etats-Unis et désormais auréolé de son nouveau statut de vedette, Bronson s'impose enfin à Hollywood au début des années 70. Avec Winner, il tourna six films entre 1972 (Les collines de la terreur) et 1985 (Le justicier de New York). Coincé entre Le flingueur (le meilleur du lot) et Un justicier dans la ville (le plus iconique), Le cercle noir n'est pas le plus connu. Ni le plus réussi. Bien sûr, il y a notre moustachu préféré et son jeu minéral plus minimaliste que jamais. Bien sûr, il y a la mise en scène sèche et nerveuse de Winner, artisan (trop) sous-estimé du néo polar américain des seventies que les critiques ont souvent réduit à un simple commis de série B. Le résultat déçoit pourtant et ne passionne pas.
D'où viennent ces grumeaux alors ? A un caractère trop impersonnel d'une part. Le cercle noir semble tout d'abord marcher sur les plats de bande réactionnaire de Dirty Harry avec son flic aux méthodes expéditives qui abat froidement un malfrat. La musique composée par Roy Budd (La loi du milieu) en s'abreuvant aux travaux de Lalo Schifrin participe d'ailleurs de cette filiation. Pourtant - et malheureusement peut-être - le film fend vite ce moule du polar en mode dératiseur urbain pour flirter avec une autre mode, celle du Parrain et de Cosa Nostra avec son héros qui défie presque à lui tout seul l'Organisation. Mais il s'y enlise sans jamais en tirer tout le jus sanglant et brutal. D'autre part, les second rôles, pourtant tenus par Paul Koslo ou Norman Fell, écopent de personnages inexistants. Même le grand Martin Balsam ne laisse aucun stigmate dans la mémoire, traversant le métrage d'une manière lointaine, comme s'il en était en définitive absent. Moins de droite que Dirty Harry ou le futur Death Wish, The Stone Killer brosse en creux le portrait empathique de l'Amérique de la minorité noire et des hippies mais d'une façon trop caricaturale, peu aidé il est vrai par des dialogues qui manquent de force. Reste malgré tout un polar (forcément) efficace qui annonce, par la présence mutique de Bronson, Un justicier dans la ville que Winner emballe l'année suivante. (vu le 27.08.2021) ⍖⍖
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