KröniK | Malleus Maleficarum - Nothing Left To Fight For (2006)


Même s’il s’accrochait encore aux clichés inhérents au genre comme une puce à un chat (visuel des bois, corpsepaints…), Des bibles, des hymnes, des icônes… laissait cependant entrevoir chez ses auteurs un désir d’émancipation par rapport au black metal et à ses codes. Avec cette troisième offrande, le groupe français franchit le Rubicon. Déjà la pochette nous donne un signe. Bien que toujours colorée de teintes noire, grise et blanche, son rendu pixelisé qui semble illustrer quelque urbanité industrielle pourrissante témoigne de cette évolution, de cette maturité enfin acquise. L’intro, martiale et bruitiste, constitue une autre clé pour pénétrer l’univers affreusement noir  de Nothing Left To Fight For. Puis, à partir de « Délivrance », l’auditeur se trouve happé dans un paysage de désolation, désincarné et glacial. La musique du groupe n’a jamais été particulièrement joyeuse, mais sa noirceur s’exprime aujourd’hui avec encore plus d’acuité et d’intensité.  Loin des crachats satanistes stériles et bas du front que se croient obligés de balancer nombre de ses acolytes de la chapelle, Malleus Maleficarum soigne des textes plus profonds qu’à l’accoutumée, dans la langue de Molière – une de ses marques de fabrique –, qui lui permettent de tracer le portrait d’un monde à la dérive. 

S’ils optent parfois pour la rapidité furieuse (« Les traces » ou « Le vice comme volonté », déchiré par des cris inhumains, notamment), Tamas, Ahriman et Nicolas privilégient bien souvent la lenteur agonisante, les rush de guitares lancinants (« Malleus Maleficarum », « Ecorchés ») pour délivrer leur art noir, contreforts de titres intenses et architecturés avec précision, écrin idéal pour accueillir une mélancolie poisseuse et désespérée, à l’image de l’instrumental « Les vestiges de mon amertume » et surtout « … La perversion comme représentation », au feeling burzumien troublant, que soulignent un chant écorché et des lignes de basse hypnotiques, desquels, ruissellent  des atmosphères suicidaires empreintes d’une décrépitude maladive. Gageons que son entrée dans l’écurie que bâti peu à peu le label Aura Mystique saura apporter à cette entité majeure de la scène black metal hexagonale, une lisibilité, une promotion qu’Oaken Shield (Adipocère), malgré ses qualités, peinait à lui offrir. Malleus Maleficarum le mérite car sans faire de bruit, il pose peu à peu les pierres d’une discographie qui sera certainement passionnante à suivre. (21.10.2007) ⍖⍖⍖

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