KröniK | Yngwie Malmsteen - Trilogy (1986)


Troisième offrande de l’égocentrique guitariste, comme son titre le suggère, Trilogy est aussi celle qui prépare le terrain au virage plus commercial, moins purement néo-classique aussi, moins émouvant enfin, qui triomphera sur le disque suivant, Odyssey, en même temps qu’elle lance le branle à la valse des musiciens bientôt coutumière dans le « groupe ». Out en effet le chanteur Jeff Scott Soto et enter Mark Boals (qui ne vocalisera pas bien longtemps non plus avant de revenir à la fin des années 90), cependant que les frères Johansson – ils enregistreront au final quatre galettes (5 si l’on compte Inspiration) avec le Suédois : un record ! -  s’accrochent (encore) fermement au navire. Trilogy débute par trois morceaux très mélodiques, dont le très réussi « You Don’t Remember, I’ll Never Forget », qui illustrent bien l’ambition de Malmsteen, à savoir, composer désormais de vraies chansons, construites, efficaces, immédiatement mémorisables, zébrées de refrains qui ne le sont pas moins et qui ne se limitent plus à des exercices de démonstration stériles, sans pour autant bâillonner sa flamboyante Stratocaster (comme sur « Fury », notamment, où son jeu volubile fait merveille) ni même remiser au fond d’un placard les instrumentaux dont il a le secret (il y en a deux cette fois-ci, « Crying », sorte de ballade, de toute beauté, et surtout le titre éponyme, longue envolée comme il les affectionne). 


En cela, il tend à se rapprocher de plus en plus de son mentor de toujours, Ritchie Blackmore, sur les pas duquel il marche évidemment. Et si Yngwie est encore loin d’égaler son maître (ce qu’il ne fera jamais), on ne peut nier qu’il ait réalisé des progrès en terme de songwritting. On aimerait juste qu’il laisse davantage d’espace aux musiciens qui l’accompagnent car l’impression que les si talentueux Jens et Anders Johansson sont cruellement sous-exploités  demeure. Responsable de toutes les compos, Malmsteen reste donc le seul capitaine à bord quand on souhaiterait qu’il délègue une partie de son pouvoir. Plus que jamais Rising Force est SON groupe. Un bon album au demeurant. (19.10.2007) ⍖⍖⍖

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