Cinquième aventure de l’inspecteur Harry, flic incorruptible aux méthodes expéditives apparu sur les écrans en 1971 dans le film éponyme de Don Siegel, La dernière cible, autant l’annoncer tout de suite, fait pale figure en comparaison de ses quatre prédécesseurs ! Il s’agit certes d’un polar pas déplaisant à regarder, grâce au charisme de Clint Eastwood, quand bien même celui-ci semble fatigué et pas très concerné par le film, mais au final on n'en retient pas grand chose. La mise en scène de Buddy Van Horn, proche collaborateur de l’acteur depuis la série Rawhide, passé derrière la caméra avec Ca va cogner en 1980, est quasi inexistante, les scènes à faire (le traditionnel braquage, le règlement de compte final…) sont là mais n’apportent rien de neuf par rapport à celles figurants dans les précédents opus. Pour tout dire, de la musique de Lalo Schifrin (qu’on a connu plus inspiré) au travelling arrière terminant le film, on peine à trouver une once d’originalité dans La dernière cible. Tout y a été déjà fait et en mieux ! Et on ne parle même pas de l’intrigue, cousue de fil blanc et d’une banalité affligeante. La vision du Hard Rock semble caricaturale et la critique des médias trop timide. Et puis, voir Harry le charognard devenu une vedette, encensée par la presse, fait pour le moins sourire. Est-ce bien le même personnage ? Où est passé l’urgence et la noirceur du film originel ?
Il eut mieux valu en rester au quatrième épisode, Le retour de l’inspecteur Harry, beaucoup plus réussi et tellement crépusculaire qu’il en constituait une quasi épitaphe. De fait, il faut plutôt voir cet ultime épisode de l’inspecteur Harry comme une monnaie d’échange de Clint Eastwood à la Warner pour Bird, sorti la même année. Cet hommage à Charlie Parker est un projet plus risqué et l’acteur se doit de rassurer son studio en livrant un second film au succès assuré. La dernière cible mérite tout de même d’être vu pour deux scènes mémorables : le clin d’œil à Bullitt à travers la poursuite avec une petite voiture téléguidée dans les rues de San Francisco et l’exécution du tueur par Callahan avec un lance – harpon. Enfin, deux comédiens appelés à devenir célèbres figurent au générique : Liam Neeson, futur héros de La liste de Schindler de Steven Spielberg et Jim Carrey qui retrouvera Clint l’année suivante dans Pink Cadillac encore de Buddy Van Horn. En dépit d’un score honnête au box-office, La dernière cible ouvre une période dans la carrière du cinéaste qui le voit connaître moins de succès. Ces trois films suivants seront également des échecs publics (Pink Cadillac justement, Chasseur blanc, cœur noir et La relève), et certains ont pu alors parler de déclin pour Clint Eastwood. Ce qui était une erreur comme la suite le démontrera… (23.10.2016) ⍖⍖
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