CinéZone | Sam Peckinpah - Guet-apens (1972)


Etonnamment, alors que la violence irrigue presque toute son œuvre, Guet-apens constitue la seule véritable incursion de Sam Peckinpah  dans le domaine du polar, Tireur d'élite et Osterman week-end étant plus des films d'espionnage. Mais pour un coup d'essai, c'est un coup de maître ! Basé sur un bouquin de Jim Thompson, adapté par Walter Hill qui n'est pas encore passé à la réalisation, le film devait avoir pour metteur en scène Peter Bogdanovich qui finalement y renonça, manière polie de dire qu'il a été viré par Steve McQueen (par ailleurs producteur) qui fit donc appel à Peckinpah avec lequel il venait de travailler sur Junion Bonner le dernier bagarreur (malgré l'échec de celui-ci) et qui faillit déjà réaliser Le kid de Cincinnati dont la réalisation fut confiée en définitive à Norman Jewison. En dépit d'un sujet relativement banal car maintes fois traités au cinéma, du Démon des armes de Josph H. Lewis à Bonnie & Clyde, Peckinpah parvient cependant à renouveler ce thème ultra codifié et alors même que le film lui a en partie échappé, McQueen étant le vrai chef à bord. Après un début un brin longuet et un braquage exécuté de main de maitre avec toute la nervosité requise, Guet-apens se scinde en deux récits. On suit alors la trajectoire du couple en fuite et de l'autre, celle du braqueur qui veut mettre la main sur le pognon et se venger. Celui-ci est campé par l'immense mais trop tôt disparu Al Lettieri, toujours aussi hallucinant d'intensité et d'ignominie. 

En choisissant pour héros un couple en crise, le film prend ainsi toute sa valeur car le parcours de Steve McQueen et Ali McGraw se double d'une dimension initiatique. Après de multiples épreuves, leur amour renaîtra, ils pourront recommencer une vie nouvelle, aidés en cela par le joli magot qu'ils ont dans les fouilles. En effet, une des originalités du film réside dans son surprenant happy-end. D'habitude, ce genre de récit s'achève dans la tragédie mais dans Guet-apens, l'aventure se termine dans une certaine immoralité. Le couple s'en sort vivant et avec le fric, loin de la conclusion désenchantée et barbare de La horde sauvage. Bien sûr, comme à l'accoutumée, Steve McQueen est à la fois puissant, touchant et d'une grande sobriété. Il n'est peut-être plus tout à fait le héros sexy de Bullitt et surtout de L'affaire Thomas Crown mais il vieillit bien. Guet-apens est donc une réussite, déchirée de morceaux de bravoure  tels que le carnage final dans l'hôtel om l'on reconnaît le goût de Peckinpah pour la violence. Des geysers de sang éclaboussent les murs tandis que les corps s'effondrent dans de splendides ralentis. Moins impressionnantes mais toute aussi savoureuses sont les dernières scènes avec Slim Peckins, peut-être même les plus belles du film. Courageux ou inconscient, Roger Donaldson en a offert un remake en 1994 avec Kim Basinger, Alec Baldwin et James Woods. Le scénario est à nouveau signé par Walter Hill mais vu qu'il ne s'agit que d'une pale photocopie, on peut légitimement s'interroger sur l'intérêt d'une telle entreprise. Enfin il faut savoir que Steve McQueen et Ali McGraw sont tombés amoureux pendant le tournage mais leur union ne durera pas, le temps pour l'acteur sur les conseils de sa mie, de s'orienter vers des projets plus intimistes. Ce sera Un ennemi du peuple de George Schaefer, un ratage presque total... (14.05.2023) ⍖⍖⍖





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