KröniK | The Eternal - Kartika (2008)


On avait quitté The Eternal en 2005 avec l’album Sleep Of Reason qui témoignait d’une évolution vers une musique plus sombre, presque doom par moment par rapport au premier galop d’essai The Sombre Light Of Isolation (2004). Ce coup de Calgon de Mark Kelson, le principal compositeur de la formation s’est vu par la suite confirmé par l’offrande de Insomius Dei (Illusions Of Silence), son projet d’ambient funeral doom death. On pouvait donc s’attendre à ce que Kartika ait lui aussi, voire plus encore, la capacité d’appuyer sur l’interrupteur afin de plonger dans le noir tout ce qui l’entoure. Or, étonnement, il n’en est rien, quand bien même une mélancolie souterraine ruisselle dans ses fondations. Cette troisième galette marque un retour au pur rock gothic à l’européenne, et notamment à l’anglaise, l’ombre du grand Paradise Lost recouvrant l’ensemble de ses ailes de géant. Trop peut-être, comme les mauvaises langues l’affirmeront. Pourtant, les Australiens n’ont rien de jeunes boutonneux qui commencent à peine à planter leur vermicelle turgescent dans une fente humide, au contraire ce sont de vieux briscards qui étaient autrefois à la barre du révéré Cryptal Darkness dont les cendres ont par la suite donné naissance à The Eternal. Ils ont du métier et cela s’entend tout du long de ce Kartika d’excellente facture, un de ces albums finalement presque irréprochables. 


La production et les arrangements sont énormes (le crépusculaire « Kartika » et sa mandoline dont les notes sont égrenées par Duncan Patterson, l’ex-Anathema et Antimatter), le jeu des musiciens, impressionnant (les parties de six cordes sur « Illuminate » par exemple) et la douzaine de chansons présentes au menu se révèlent toutes accrocheuses car soignées et extrêmement bien ficelées. Le programme est entamé avec réussite avec la triple salve constituée par les superbes « Silence », « Without Reason » et « Lost One Way ». Puis après un « Self Inflicted » très british, c’est le coup de tonnerre, « Blood ». Introduit par des accents orientaux, ce titre s’étire sur près de dix minutes et dessine un metal lourd, froid et atmosphérique totalement désespéré. On savait déjà que les Australiens maîtrisaient ce type d’exercice (« Weight Of Empathy» sur le disque précédent) mais ils viennent avec ce morceau, riche de nappes de mellotron hantées, de chœurs féminins diaphanes et de parties de djembe, de composer probablement l’une des pièces majeures de leur répertoire. Ceci dit, les petits bijoux d’architecture plus ramassés leur conviennent également très bien, comme le démontrent les magnifiques « A Pale Reflection », la ballade « Sunshine », le puissant et racé « Illuminate » et ses riffs hypnotiques ou bien encore le puissant « Means For An Ending », guidé par le chant émotionnel de Mark Kelson. Mélodique et d’une tristesse raffinée, Kartika, dont l’édition limitée renferme un second CD rempli de bonus (titres inédits, remix…), s’impose encore une fois comme un très bon album, peu original sans doute mais néanmoins imparable et d’une grande beauté. (2009) ⍖⍖⍖

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