KröniK | Runespell - Sentinels Of Time (2022)


Moins d'un an après avoir enfanté un Verses In Regicide de très bonne mémoire quoique légèrement inférieur à Voice Of Opprobrium (2019) qui restera sans aucun doute la pierre angulaire de l'oeuvre de Runespell, celle qui a fixé durablement la signature de cette entité australienne, démiurge d'un black metal plus mélancolique que dépressif et dont la lancinance épique plonge dans le fond des âges, dans des temps immémoriaux, vestige d'une obscurité faite de sang et de bravoure, Nightwolf livre déjà une nouvelle offrande, certes simple EP sur le papier mais dont la durée conséquente - plus de trente-trois minutes - l'enrobe d'une charpente massive digne d'un véritable album. Pour les fidèles de cette créature éprise de solitude, Sentinels Of Time ne présente que peu de surprises, traçant un sillon identique à ses devanciers, triste et valeureux tout ensemble. Ils y butineront cet art noir crépusculaire mais mélodique tavelé d'une lugubre majesté, bâti sur de longues complaintes voisinant plus ou moins autour des dix minutes au garrot. Dévoué à une écriture dont il ne se départira probablement jamais (on ne le lui demande pas), Nightwolf propose ainsi quatre nouvelles compositions qui auraient sans mal pu se glisser dans l'intimité des disques précédents dont elles reproduisent la grâce désespérée, la puissance obsédante, la dramaturgie séculaire. 


'Memories Of Steel' ou 'Sentinels Of Time' portent inscrits dans leur chair le sceau indélébile de Runespell, pistes grandioses dont la force torrentueuse se conjugue à une emphase émotionnelle qu'égrènent ces entêtantes lignes de guitares d'une poésie pointilliste. Porte monumentale ouvrant sur un monde mythologique, 'Claws Of Vanagandr' affirme nettement l'influence du Bathory viking qui ne faisait jusqu'alors qu'affleurer à la surface. L'Australien nous entraîne dans les pas de Fenrir, loup légendaire avec lequel il semble se confondre, thème qui lui commande un pur joyau d'ambiances hypnotiques cernées d'une beauté solennelle, à ranger aux côtés des 'Voice Of Opprobrium' et 'Structures Of Collapse' des albums précédents. Une même gravité empreinte de noblesse, un même souffle tragique les emportent à travers de vastes paysages figés dans une froide nuit éternelle. Indissociable de son art, Nightwolf ferme le tombeau avec un instrumental dont l'épure dramatique n'appartient qu'à lui.  Soulignant l'inspiration nordique de Sentinels Of Time, 'Drakkar's Last Journey' ferme ainsi le ban comme un ultime voyage, sillonnant l'eau glacée d'un fjord en partance pour le Valhalla, courte pièce teintée d'une tristesse sereine. C'est beau. Certes "petite" ration, cet opus renoue avec la grandeur noire et funèbre de Voices Of Opprobrium, illustrant la capacité de son auteur à façonner toujours le même matériau sans jamais se répéter, duquel il parvient à faire jaillir avec une force d'évocation admirable l'éclat mélancolique d'un passé légendaire... (14.07.2022 | LHN) ⍖⍖⍖

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