CinéZone | Sergio Leone - Et pour quelques dollars e plus (1965)


Après le triomphe de Pour une poignée de dollars en 1964, Sergio Leone décide rapidement de mettre en chantier un second film utilisant la même esthétique et le même héros, l’Homme sans nom. Ce second western porte bien son nom car, en effet, il a bénéficié d’un budget plus important (600 000 $), a remporté encore plus de succès et Clint Eastwood a vu son cachet passer de 15 000 à 50 000 $. Doté de moyens plus importants, Sergio Leone, qui abandonne pour le coup son pseudonyme de Bob Robertson, peut approfondir ce qu’il a juste esquissé dans le précédent film. De fait, Et pour quelques dollars de plus s’avère plus réussi que Pour une poignée de dollars, plus intéressant aussi. Il constitue une sorte de brouillon (mais quel brouillon !) des deux chefs-d’œuvre à venir que sont Le bon, la brute et le truand et Il était une fois dans l’Ouest, tant on y retrouve des éléments communs. Le film débute par une exposition des personnages principaux en quelques scènes, d’abord le colonel Mortimer, puis l’Homme sans nom baptisé ici le Manchot, et enfin, le méchant, l’Indien. Ce début préfigure celui du Bon, la brute et le truand, dans lequel on trouve également, comme son titre le suggère, trois protagonistes. Les deux films possèdent donc ce même schéma triangulaire et se terminent tous les deux par un duel à trois sur une place circulaire. 

De même, Leone a réutilisé pour le western avec Charles Bronson et Henry Fonda, l’idée de la vengeance et du flash-back, qui servent de moteur à l’histoire de Et pour quelques dollars de plus. Par sa folie, Gian Maria Volonte annonce quant à lui le rôle de Fonda dans Il était une fois dans l’Ouest. Moins malsain et davantage teinté d’humour (la confrontation entre le colonel et le Manchot devant l’hôtel, chacun jaugeant l’autre, se flairant comme deux chiens qui se croisent), le film reprend le style conçu dans le premier opus tout en l’amplifiant. La mise en scène se fait encore plus baroque, la musique de Ennio Morricone encore plus présente et les personnages mieux définis. Même s’il est toujours aussi laconique et s’il joue toujours autant de la gâchette, le personnage créé par Eastwood dans Pour une poignée de dollars, perd son statut de héros et se place davantage en témoin, comme le confirme le duel final, par rapport à Mortimer, qui lui est le véritable héros de l’histoire. Lee Van Cleef livre peut-être sa meilleure interprétation, du moins la plus sympathique, pour un rôle que Leone désirait au départ confié à Lee Marvin. Comme plus tard avec le personnage de Tuco joué par Eli Wallach dans Le bon, la brute et le truand, on a l’impression que c’est Mortimer qui intéresse le plus le réalisateur, au détriment de l’Homme sans nom, lequel apparaît presque en retrait, position qui s’accentuera encore avec dernier volet de la trilogie des dollars. Et pour quelques dollars de plus est un western parfaitement maîtrisé, sans doute moins bon et certainement moins célèbres que son successeur, mais il a pour lui une plus grande rigueur (toute proportion gardée bien sûr !) et il met en scène le seul personnage réellement sympathique de la trilogie, à savoir le colonel Mortimer. (2005) ⍖⍖⍖




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