CinéZone | George Romero - Zombie (1978)


Après avoir furieusement dépoussiéré le thème des zombies par son réalisme et son enracinement teinté d'amertume dans l'Amérique de la fin des années 60 avec le matriciel Nuit des morts-vivants (1968), George Romero nourrit très tôt l'envie d'en tourner une suite. Quelques petites productions plus tard, telles que Season Of The Witch (1972), La nuit des fous vivants (1973) ou Martin (1977) qui lui permettent de peaufiner une approche de l'horreur très personnelle, il rencontre Dario Argento qui va l'aider à financer cette séquelle. L'Italien en supervisera la version européenne en recrutant notamment son compatriote Goblin pour la bande originale, groupe avec lequel il avait collaboré à l'occasion des Frissons de l'angoisse (1975) et de Suspiria deux ans plus tard. Malgré les critiques bien souvent négatives qu'il a essuyées à l'époque, Zombie est aujourd'hui considéré comme un mètre-étalon du genre. Le public ne s'y étaient d'ailleurs pas trompés ni les producteurs italiens qui, jamais à court d'imagination, ont très vite creusé - puis épuisé - le filon du gore, moulinant avec largesse du film de morts-vivants, parfois pour le meilleur (L'enfer des zombies de Lucio Fulci) mais souvent pour le pire (Zombie 4 de l'incorrigible Claudio Fragasso). 

Zombie frappe d'emblée par son absence de préliminaires ce qui fait de lui un puissant film d'action dont l'intensité ne débande jamais. En quelques minutes, on comprend que le monde est envahi par les morts-vivants. Une seule morsure transforme à son tour la victime en zombie  et rien ne semble pouvoir freiner l'épidémie. Rapidement, un petit groupe de quatre personnes se réfugie dans l'enceinte d'un centre commercial assiégé par une cohorte de morts revenus à la vie qui se repaître de chair humaine. Ce cadre resserré à l'évident potentiel cinématographique fournit à Romero à la fois la matière à faire surgir violence et angoisse mais surtout à dénoncer le consumérisme gangrenant (déjà) la société américaine. L'Homme transformé en consommateur frénétique peut ainsi être comparé à un zombie dénué de réflexion, uniquement mû par le besoin aussi vain qu'impérieux d'acheter des produits dont il n'a pas besoin. Certes dangereux et repoussants, grâce au légendaire maquillage mitonné par Tom Savini, les morts-vivants ne sont finalement que de pauvres hères téléguidés par des pulsions primitives incarnant le bataillon des échoués de la société américaine. En définitive plus malfaisants apparaissent les motards surgissant dans le centre commercial, barbares modernes semant la terreur et pillant des boutiques pour y voler des bidules devenus pourtant inutiles. Parabole anti raciste nerveuse et désespérée, Zombie s'achève par la fuite en hélicoptère du héros noir et de la femme blanche qui trouveront peut-être une issue à l'apocalypse en dehors de l'humanité pour fonder une nouvelle communauté...  (vu le 20.03.2022) ⍖⍖⍖




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