Méconnu de notre côte du Rhin, Rolf Torring fut le héros de romans de gare allemand des années 30 dont les aventures exotiques avaient pour cadre l'Afrique et surtout l'Asie du sud-est. En 1965, artisan parmi les plus emblématiques du cinéma bis teuton des années 60, spécialisé dans le eurospy (Baroud à Beyrouth, Guet-apens à Téhéran), ces bobines dilettantes mais sympathiques plus proches de Coplan que de James Bond, Manfred R. Köhler porte à l'écran un de ces bouquins. Espionnage à Bangkok pour U-92 (Der Fluch des schwarzen Rubin en allemand ou 13 Days To Die en anglais) dispense ce charme typique des productions d'espionnage de cette époque, avec agents spéciaux, décors paradisiaques (le film a été tourné en partie en Thaïlande), intrigues compliquées et personnages louches grouillant dans un monde interlope.
Le chevronné Alberto Cardone (Les colts de la violence) dépanne le metteur en scène comme il le fera la même année sur le tournage des Aigles noirs de Santa Fé qu'il signe à quatre mains avec Ernst Hofbauer mais, trop sage, le résultat ne passionne pas pour autant car dénué de nerfs et de la pointe d’érotisme espérée. Thomas Adler promène sa blondeur un peu molle mais sans la conviction dont il fit preuve dans le krimi Scotland Yard contre Cercle rouge (1960) et au final, on ne retient de ce divertissement que la présence inquiétante de Horst Frank (Les tontons flingueurs), toute en onctuosité sadique selon son habitude et une scène où une jeune femme est torturée avec des araignées qui lui grimpent dessus. Corollaire de son échec artistique, Espionnage à Bangkok pour U-92 se solde également par une déception commerciale qui oblige le producteur Wolf C. Hartwig à renoncer à adapter dans son sillage une seconde aventure de Rolf Torring, Die Rache des grünen Skorpions. Reste une pellicule raisonnablement délassante qu’égaient les atours décontractés du cinéma de genre européen des années 60. (15.04.2022) ⍖
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