KröniK | Ernte - Albsegen (2023)


Le fait de la voir gratouiller un violon sur certaines photos ne doit pas vous abuser, Nadine Lehtinen ne façonne généralement pas une musique particulièrement amicale ni même doucereuse, que ce soit d'abord avec Shever, puis Ashtar et enfin Ernte. D'ailleurs, la blonde ne se limite pas à cet instrument à cordes, bassiste et surtout chanteuse, dans un registre écorché dont l'agressivité malfaisante ne trahit à aucun une quelconque féminité. La Suissesse ne rigole donc pas vraiment, préférant mordre, griffer plutôt que ronronner. Et plus les années passent et les divers projets avec et plus celle qui se fait appeler Witch N. largue les amarres du doom (sévère et pas très gentil quand même) pour accoster des rivages franchement ténébreux bien que toujours embourbé dans une froide rudesse. Tel est le cas de Ernte qu'elle incarne avec le multi-instrumentiste V Noir. Remarqué l'an dernier grâce à Geist Und Hexerei, prometteur galop d'essai, rapidement suivi d'un petit 7'' pouces lourdement burné (A Fen Fire / Saturnine), le duo est déjà retour avec un deuxième méfait. 


Comme son aîné, Albsegen est taillé dans un matériau d'une noirceur glaciale, sillonné d'âpres crevasses, gonflé d'une semence abrasive. Le grain pollué des guitares, les vocalises lacérées suffisent au tandem pour appuyer sur l'interrupteur, plongeant dans une froide et menaçante obscurité tout ce qui l'entoure, recouvrant peu à peu d'un givre épais les carreaux des fenêtres. Raclant une roche aux arrêtes tranchantes, Ernte privilégie les mid-tempos dissonants à une rapidité qui parfois s'écoule avant d'être barrée par des remparts grésillants ('Eye Of Oblivion'). Orthodoxe dans son approche d'un black metal à la fois neigeux et humide, crépusculaire et sinistre, le groupe laboure les chairs à la manière d'un scalpel rongée par une gangrène rouillée, il engourdit autant qu'il envoûte ('Queen Warrior'), nous entraînant dans son sillage funèbre dans les profondeurs tentaculaires d'un caveau dont les parois suintent d'un stupre haineux, à l'image d'un 'Apocalyptical Dissolution' aussi radical que définitif dans sa noirceur quasi autarcique. Albsegen confirme les qualités évidées par Geist Und Hexerei, alvéole glaciale d'un black metal abrupt que des vomissures féminines hachurent de germes haineux.  (05.03.2023) ⍖⍖⍖

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