Le western de la haine. Réalisé par Sam Peckinpah qui a marqué le genre, au même titre que John Ford, Anthony Mann ou Sergio Leone, par la violence paroxysmique et épidermique qu'il a introduite, Major Dundee se rapproche de Vera Cruz de Robert Aldrich par l'époque qu'il décrit mais il en diffère sur bien des points. Bien que novateur en 1954, Vera Cruz demeure un western encore classique de part le personnage toujours très droit campé par Gary Cooper. Au contraire, Major Dundee est quant à lui hanté par des êtres pour le moins ambigus, à commencer par le héros (?) joué par Charlton Heston, bourru, obtus et finalement plutôt antipathique comparé au capitaine Tyreen (Richard Harris). Aucune rédemption ne viendra sauver ce militaire rongé par le mort et la folie de sa quête pénitentielle et ce, malgré l'intervention de Senta Berger pourtant immensément désirable. Le film est parcouru par une tornade de haine qui balaie tout sur son passage. Tout le monde semble se détester, les Américains, les Indiens, les Mexicains, les Français, les Nordistes et les Sudistes, ce qui était absent des westerns de l'âge d'or.
Toutefois, Major Dundee demeure encore assez classique, assez hollywoodien (cf. la romance obligée et néanmoins contrarié sinon massacrée par Dundee lui-même) mais il incarne une sorte de transition dans l'oeuvre de son auteur entre Coups de feu dans la sierra (1962) et La horde sauvage (1969), deux pellicules westerniennes parmi les plus magnifiques que le genre nous ait offertes. Il conserve la dimension crépusculaire du premier tout en annonçant par sa violence encore contenue (et bridée par le studio) les carnages du second dont l'hémoglobine se répand de toute part, giclant à tout va et transformant l'Ouest en un opéra barbare imprégné par un sentiment de fin du monde. Même amputé de nombreuses séquences (le montage initial dépassait les 4 heures !), Major Dundee reste une fresque puissante, très grand western qui par le ton teinté de noirceur et de cynisme qui le caractérise, participe de l'entreprise de démythication de l'Ouest entamée dans les années 60. (2001) ⍖⍖⍖
Commentaires
Enregistrer un commentaire