CinéZone | Howard W. Koch - Police Connection (1973)


Le triomphe commercial rencontré par French Connection (1971) a évidemment donné des idées aux producteurs les incitant à porter à l'écran d'autres enquêtes de Eddie"Popeye Doyle" Egan. Avant la suite du film de William Friedkin confiée en 1975 à John Frankenheimer, la Paramount s'empare elle aussi des exploits de ce flic new-yorkais en produisant Badge 373. Si aux Etats-Unis, la filiation avec l'oeuvre matricielle n'est curieusement pas appuyée (le héros s'appelle Eddie Ryan et non pas Egan et encore moins Popeye), les distributeurs français ne se sont au contraire pas privés de miser sur le succès du long métrage de Friedkin en le rebaptisant Police Connection ! Ce qui ne lui suffira pas à reproduire la performance de son glorieux devancier. Badge 373 se soldera en effet par un cuisant échec dans les salles. Comment l'expliquer ? Polar sombre et nerveux comme on l'aime et comme le cinéma américain en usinait alors à la pelle, Police Connection saisit certes avec une efficacité crasseuse le tissu urbain violent qui lui sert de théâtre, plongée dans un monde nocturne interlope que photographie avec réalisme Arthur J. Ornitz (Un justicier dans la ville) tandis que les scènes d'action, fusillades, bagarres et poursuites jalonnent cette (en)quête vengeresse mais sans jamais égaler son modèle en terme de force et de tension. 

N'est pas William Friedkin qui veut et surtout pas Howard W. Koch dont l'importance en tant que producteur (Un crime dans la tête) l'emporte sur sa modeste contribution de cinéaste (Frankenstein 1970, Born Reckless) et dont il s'agit de la dernière expérience derrière la caméra. Il filme ce polar comme une série B des années 50, la violence sèche de son temps en plus mais sans échapper pourtant à une certaine mollesse et sans faire preuve d'une grande personnalité. Mais surtout et cela est plus surprenant, le héros campé toutefois avec sa présence et son talent coutumiers par Robert Duvall, peine à susciter la sympathie, portrait peu aimable d'un flic roublard et obstiné dépourvu d'humanité. La calvitie naissante, le ventre gras, Eddie Egan est illustré sous un jour rarement flatteur dont le racisme et l'homophobie décomplexés ne manqueront pas de faire s'étrangler le public d'aujourd'hui, gavé de progressisme et de bien-pensance. Plus encore que Dirty Harry, Police Connection macère dans un jus haineux dirigé vers les immigrés tous dépeints comme des voyous ou des corrompus cependant que les rôles de femmes sont sacrifiés, réduits au rang d'épouses ou de putes. Ceci étant, c'est peut-être  dans cette noirceur antipathique que le film tire finalement sa relative singularité. Reste un polar solide que tout cinéphile gourmand en pellicules rugueuses ne pourra qu'apprécier, avec en sus un Robert Duvall en haut de l'affiche bien qu'on préférera malgré tout le retrouver la même année dans Echec à l'organisation... (31.05.2022) ⍖⍖


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