KröniK | DeWolff - Love, Death & In Between (2023)


Nombreux sont les groupes à se réclamer du passé et des années 60/70 en particulier mais certains sont plus vintage que d'autres, vont plus loin dans l'allégeance à cette époque révolue. DeWolff est de ceux-ci. Il y a déjà le look. Les cheveux longs, la barbe et les cols pelle à tarte donnent aux trois Hollandais des allures de Bee Gees égarés dans une émission de variétés. Il y a bien sûr la musique, au début maladroitement arrimée au stoner alors qu'elle s'abreuve tout simplement à un (hard) rock antédiluvien que des touches funk et soul tendent de plus en plus à adoucir au fil du temps et des rondelles. Il y a enfin les techniques d'enregistrement. L'informatique, ce n'est pas trop leur truc, ils préfèrent recourir à du matériel analogique hérité des années 80. Enregistrer à distance ne leur plait pas davantage, ils cherchent plutôt la chaleur d'un studio, le contact et les échanges avec d'autres personnes, ce dont la crise sanitaire qui a enfermé la planète les a privés lors de la réalisation de Wolfpack. La conception de Love, Death & In Between est née en réaction à cette frustration. DeWolff a ainsi souhaité se retrouver dans un studio (français !) et y convier une multitude de musiciens et d'amis, manière de conjurer la solitude imposée par la pandémie. Les frères van de Poel, Pablo (chant et guitares) et Luka (batterie) et le claviériste Robin Piso ont composé un plateau rempli jusqu'à la gueule d'invités : chanteurs, choristes, guitaristes, bassiste, organiste, trompettiste, saxophoniste... Riche brochette de voix et d'instruments, qui dicte à cet album à la fois sa générosité mais aussi ses couleurs chaudes et humides de feeling. 


Plus que jamais, les Bataves puisent leur inspiration dans les Etats-Unis, sa littérature (Steinbeck et "Tortilla Flat"), son cinéma ("Licorice Pizza" de Paul Thomas Anderson) et la spiritualité du gospel qui les a envoûtés lors d'un voyage à Memphis durant lequel ils ont assisté à une messe. Les influences blues et soul déjà perceptibles sur Wolfpack enrobent totalement son successeur dont l'écoute ne plonge pas seulement l'auditeur entre les quatre murs du studio breton Kerwax mais aussi - et surtout - à l'intérieur d'une église américaine qu'emplissent saxophone ('Message For My Baby'), orgue Hammond ('Night Train'), douces guitares ('Jacky Go To Sleep'), cuivres ('Wontcha Wontacha') et plus encore chœurs féminins ('Gilded (Ruin Of Love)'). Ce faisant, DeWolff réussit l'alliance entre l'énergie remuante du rock et la force émotionnelle du rhythm & blues mâtiné d'envolées gospel. "Love, Death & In Between" swingue ('Heart Stopping Kinda Show'), narre un voyage épique entre la vie, l'amour et la mort ('Rosita' et ses seize minutes au compteur) et touche toujours au cœur à l'instar de 'Mr Garbage Man', lente et tragique ballade, sans oublier ce 'Queen Of Space & Time' soyeux qui ferme le ban sur une note empreinte de tristesse. Du haut de ses 65 minutes, Love, Death & In Between est une œuvre généreuse, melting-pot de hard rock seventies et de musique soul chaleureuse qui témoigne de la créativité foisonnante des plus Américains des Hollandais. DeWolff a tout donné dans cet album qui fera assurément date dans sa déjà riche carrière. (04.02.2023 | MW) ⍖⍖⍖

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