Bien que ressuscité en 2019 après un court hiatus de quatre ans, Sister Sin n'a depuis toujours pas donné de nouveau signe de vie discographique. En attendant que le groupe se mette au boulot, son emblématique chanteuse poursuit donc sa carrière solo, elle-même à l'arrêt après un Burning Sermons de plutôt bonne mémoire. La crise sanitaire passée et fort d'un line-up renouvelé, elle peut enfin lui donner un successeur. KaliYuga voit la belle revenir en forme(s). Au programme, toujours ce heavy metal riche en testostérone, classique dans son écriture mais moderne dans ses traits lourds et patibulaires. Ce troisième effort sonne même beaucoup plus martial que ses aînés et certaines saillies ne renieraient presque pas une filiation avec Rammstein ('Forget My Name') quand d'autres arborent d'épaisses coutures franchement thrash ('The Swarm' et sa grosse patte à la Megadeth). Les Suédois ne font donc pas dans la dentelle, aidés en cela par le fuselage sonore puissant mitonné par la triplette Simon Johansson, Mike Wead et Tue Madsen (pour le mixage et le mastering). Comme sur le disque précédent, des invités, (Zak Tell de Clawfinger ou la chanteuse Eleine) s'immiscent dans ce menu d'une efficacité en béton armé, réunis le temps d'une même chanson ('D.E.R.') pour un résultat à quatre voix séduisant.
Cet ensemble de dix titres qui est taillé pour les grands festivals européens invite à se briser la nuque aux sons des 'King Of Fools', 'The Process' et autre 'Virus' dont une douceur (trop) furtive en tempère heureusement quelque peu l'agressivité frontale. Frontwoman teigneuse, Liv Jagrell emporte finalement davantage l'adhésion quand elle rentre les griffes, idem pour son groupe quand il adoucit son propos, même si les riffs en mode rouleau-compresseur ne maraudent jamais bien loin ('I Am The Storm'). Solidement charpenté mais l'originalité aux abonnés absents, KaliYuga ne souffre dans la forme d'aucune faiblesse et les amoureux de la chanteuse et autres amateurs de ce heavy gainé de chant féminin, belliqueux quoique mélodique, y butineront sans aucun doute de quoi se rassasier le gosier, ce qui ne l'exonère toutefois pas d'un manque de folie sinon de charme. Qu'en restera-t-il dans quelques années ? Peu de choses probablement si ce n'est le plaisir immédiat dégagé par un disque agréable, mais guère plus que cela malgré une Liv toujours aussi redoutable et hargneuse que les années ne semblent pas vraiment calmer. On attend maintenant de voir à quoi aboutira le retour de Sister Sin dont le silence n'augure néanmoins pas d'un avenir rassurant... (06.02.2023 | MW) ⍖⍖
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