KröniK | Spiritus Mortis - Spiritism 2008-2017 (2023)


Nonobstant sa bonne tenue, il l'en demeure pas moins que The Great Seal, dernier album en date des vétérans du true doom finlandais, n'est quand même pas aussi réussi que ses deux prédécesseurs, The God Behind The God (2009) et The Year Is One (2016). A cela, une raison simple : Albert Witchfinder, légendaire chanteur du tout aussi légendaire Reverend Bizarre, ne tient plus le micro, remplacé par Kimmo Perämäki, tout à fait convaincant par ailleurs. Sans minimiser le talent des autres musiciens et plus particulièrement celui du guitariste et fondateur Jussi Matjala, le fait est que le démissionnaire apportait à Spiritus Mortis une ampleur, une puissance mythologique, au point d'incarner la pierre qui manquait à l'édifice, ce dont les deux offrandes qu'il a gravées avec le groupe illustraient clairement. On en veut pour preuve supplémentaire ce Spiritism qui bien sûr - et malheureusement - ne scelle pas le retour du chanteur, mais qui en agrégeant des titres épars, disséminés entre 2008 et 2017 à travers les divers splits auxquels les Finlandais ont participé durant cette période, domine de la tête et des épaules The Great Seal et nous fait regretter que ses auteurs n'aient pas poursuivi l'aventure avec Sami Hyninnen (pour l'Etat civil). Que ces neuf chansons soient déjà connues, surtout des fans purs et durs qui collectionnent la moindre petite miette, n'enlève rien au plaisir déclenché par cette somme en tout point orgasmique. 


Qu'elles aient atterries sur des productions secondaires ne signifient pas non plus qu'il s'agit de fonds de tiroir. Bien au contraire, chacune d'entre elles aurait parfaitement eu sa place au sein de The God Behind The God ou The Year Is One. Ce fut d'ailleurs le cas de 'When The Wind Howled With A Human Voice', qui figurait au menu du premier. 'The Ceremony Of The Stifling Air' s'impose même comme un pur joyaux de doom sabbathien tandis que 'Rise From Hell', porté par un Witchfinder possédé (voire même hystérique par moment), fait plus que s'abîmer dans les profondeurs rampantes d'une mine de charbon, lente reptation aussi vicié qu'effrayante. Les trapus 'Baron Samedi' et 'Divine Wind' exploitent quant à eux la fibre la plus (hard) rock des Finlandais cependant que le massif 'Man Of Steel' accouple doom et heavy metal pour un résultat tonitruant et baroque. Enfin, Spiritism témoigne que Spiritus Mortis maîtrise superbement l'art de la reprise, exercice qui tout en soulignant le bon goût des musiciens, coulent dans une chape de plomb  'Waiting For The Sun' des Doors, 'Sunrise' d'Uriah Heep (assurément l'un des points G de l'écoute) et plus encore le 'Black Night' de Deep Purple (Albert fait très bien le Ian Gillan) qu'ils transforment en hymne doloriste. Loin d'une pale collection au rabais, cette compilation offerte par Spiritus Mortis rend hommage aux années Albert Witchfinder, dont elle prolonge le plaisir, immense et inégalé, de l'admirer aux côtés de ses anciens partenaires mais laisse néanmoins un gout amer dans la bouche et confirme que le groupe, privé de cette si charismatique figure du doom, ne sera plus jamais aussi grand... (21.10.2023) ⍖⍖⍖

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