En 1941, malgré l'occupation allemande, la vie continue en France et le cinéma usine à plein régime. Nombre de réalisateurs et de comédiens n'ont pas fui l'occupant et tournent toujours des films ce qui, à la libération, leur sera reproché. Certains sombreront dans le dénuement (Mireille Bali, Robert Le Vigan) mais d'autres retrouveront leur place comme avant-guerre. Fernandel figure parmi ces acteurs dont la carrière n'a été stoppée ni par la guerre ni par l'épuration. Comédie oubliée, L'acrobate fait partie des nombreux longs métrages qu'il enchaîne sous l'occupation. Comme indiqué dans son générique, il s'agit d'une histoire gaie, destinée à divertir les spectateurs. Il y joue un maître d'hôtel qui décide de jouer les amnésiques pour échapper à sa fiancée, femme possessive et gluante, point de départ d'une série de péripéties qui le conduira à être confondu avec un acrobate dans un cirque.
Si la mise en scène statique de Jean Boyer (Le trou normand) et des situations comme échappées d'un théâtre de boulevard le couvrent aujourd'hui d'une épaisse couche de poussière, le film n'ennuie jamais, emporté par un rythme échevelé et tout entier construit autour de sa vedette. Nonobstant un scénario amusant auquel donnent vie des seconds couteaux toujours impeccables (Jean Tissier), c'est uniquement la verve truculente de Fernandel qui justifie qu'on s'y intéresse car privé de son abattage souriant, L'acrobate ne serait qu'une morne comédie figée dans des décors de studio mais à laquelle il réussit par sa seule présence à injecter un pétillant savoureux. Evidemment, l'oeuvre a vieilli mais assure cependant un numéro aussi amusant qu'inoffensif, expurgé de l’empreinte même la plus infime du contexte politique et militaire qui est alors le sien...(12.08.2022) ⍖⍖
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