KröniK | Minerall - Bügeln (2024)


Que peuvent bien faire Sula Bassana (Electric Moon), Marcel Cultrera (Speck) et Tommy Handschick (Kombynat Robotron) lorsqu’ils se retrouvent ensemble dans un studio ? Comme si leurs formations respectives ne les occupaient déjà pas à temps plein, ils montent un groupe bien sûr ! Minerall est son nom. Et ils font surtout de la bonne musique. Evidemment. Le style dans lequel ils évoluent au sein de ce nouveau terrain de jeu n’est pas tellement difficile à deviner : du rock psyché aux élans stratosphériques. Bügeln est le fruit de leurs ébats capturé dans des conditions rudimentaires, sans retouches ni overdubs, exercice improvisé qui, il est vrai, se prête naturellement à ce space rock nébuleux et (forcément) instrumental. Sula assure la basse et les synthétiseurs, Marcel, la guitare et Tommy s’active derrière les fûts. Tous les trois nous convient à un voyage stellaire de près de trois quarts d’heure découpés en deux plages d’une vingtaine de minutes chacune. Décollage garanti. Les fidèles de cette triplette de musiciens ne seront donc ni dépaysés ni déçus. Bügeln est à leur image, paisible et authentique. On les imagine sans peine se pointer dans le studio, brancher leurs instruments. Décontractés. Et se lancer dans un happening sonore au gré de leur inspiration qui paraît pouvoir moutonner à l’infini. L’ensemble est taillé pour le vinyle, seul format sous lequel il se voit publié. 


‘Bügeln_Unerforscht’ occupe la face A. Le trio y apparaît à l’unisson d’un rock psyché hypnotique qui peu à peu prend corps, s’élève, poussé par une rythmique de métronome et une guitare noyée sous les effets.  Malgré sa nature de jam, le titre ne s’égare jamais et n’ennuie jamais tant les musiciens savent nous transporter avec eux vers des cieux inaccessibles qui résonne comme une quête d’absolu. A mi-chemin, le temps semble vouloir s’arrêter, basse et batterie s’effacent, s’endorment presque, ne laissant que la six-cordes, pointillistes, et des claviers vaporeux, combler l’espace. Les minutes s’égrènent, fantomatiques, avalées par un éther cotonneux., jusqu’à mourir au bord d’un trou noir. Face B, ‘Sachebene’ démarre où s’est achevée la piste précédente, donnant l’impression – à juste titre – que Bügeln ne forme en réalité qu’un bloc unique et en somme indivisible. Lancinant voire quasi immobile, son canevas a quelque chose d’une douce élévation, pilotée par cette guitare ondoyante aux touches floydiennes sur un tapis d’effluves soyeuses que brodent synthétiseurs et percussions nonchalantes. L’album n’est sans doute pas très ambitieux (ce n’est pas son but du reste), pouvant difficilement passer pour autre chose que ce qu’il est, une longue improvisation entre potes, mais dans son genre, il est indispensable aux amateurs de trip embrumé. De toute façon, vu les talents réunis, comment Bügeln aurait pu être décevant ? La vraie question tient à l’avenir de Minerall. Survivra-t-il à ce galop d’essai et aux quelques concerts annoncés ou bien est-il condamné à n’être qu’un one shot ? Il va sans dire que nous préférerions que les Allemands poursuivre l’aventure même si cela doit être à intervalles irréguliers… (08.02.2024) ⍖⍖⍖

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