KröniK | Sorcerer - Reign Of The Reaper (2023)


La dernière fois que Sorcerer est venu distribuer son doom épique, c'était à l'occasion de Reverence (2021), gravé en pleine pandémie. Quoique sympathique, il ne s'agissait toutefois que d'un EP, composé uniquement de reprises qui plus est. Pas de quoi se relever la nuit donc ni combler l'impatience des fans dont le très bon Lamenting Of The Innocent (2020) a su épancher leur soif de heavy doloriste. Son (vrai) successeur était ainsi fortement attendu. Annoncé par un premier extrait des plus prometteurs ('Morning Star'), dont la sombre grandiloquence n'est pas sans évoquer une version doom de Therion, Reign Of The Reaper déboule enfin. Sa durée raisonnable - moins de cinquante minutes - rassure après un troisième album dont le format pantagruélique rognait quelque peu l'intensité. Il s'agit même de l'offrande la plus courte enfantée par les Suédois, ce qui ne signifie pas que ceux-ci soient en panne d'inspiration. Au contraire, évitant le remplissage à base de chansons aussi agréables qu'anodines, ils n'ont retenu que neuf titres tous aussi imparables les uns que les autres, serrés dans un menu qui ne souffre par conséquent d'aucune longueur ni baisse de régime. Voilà pour la forme. 


Creusé dans ce heavy doom lyrique dont les bases ont été fixées par le Chapter VI de Candlemass, le fond expose un alliage toujours aussi séduisant de puissance baroque et d'atmosphères ténébreuses avec en sus cette propension typiquement suédoise à décocher des mélodies racées. Le fantôme d'Yngwie Malmsteen (il n'est pas mort mais artistiquement, c'est tout comme) n'est parfois même pas loin. Le jeu de guitare de la paire Kristian Niemann / Peter Hallgren, qui brille d'un éclat flamboyant, n'est pas étranger à cette filiation tandis que le chanteur Anders Engberg aurait toute sa place sur un disque de l'auteur de "Rising Force" si celui-ci daignait à nouveau partager un peu d'espace avec de talentueux collaborateurs - mais c'est un autre sujet. Comparé à ses prédécesseurs, Reign Of The Reaper affiche néanmoins des couleurs plus sombres, comme l'illustrent le superbe morceau-titre, d'une noirceur lancinante ou bien 'The Underworld' qui rampe dans les profondeurs de boyaux inquiétants. Dans ses moments les plus lourds, l'album convoque alors le Black Sabbath de la période Tony Martin voire le Rainbow originel, éternelle référence des Scandinaves, témoin 'Thy Kingdom Will Come' engourdi par une pesanteur épique. Mais toujours, le chant, haut-perché et gorgé d'émotions, caresse de sa beauté d'airain les Golgotha que sont les dramatiques 'Eternal Sleep' ou 'Break Of Down', power-ballad nocturne qui ferme le ban sur une note délicate. Merveille de heavy doom d'une brumeuse élégance, Reign Of The Reaper s'impose sans aucun doute comme l'album le plus abouti depuis que Sorcerer a ressuscité en 2010. (24.10.2023 | MW) ⍖⍖

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