CinéZone | Mervyn LeRoy - L'affaire se complique (1933)


Après le succès de Au seuil de l'enfer (1930) de Archie Mayo et surtout de L'ennemi public (1931) de William Wellman qui l'ont lancé et fixé son personnage de gangster, James Cagney enchaîne alors les petits films pour la Warner Bros. Dans le sillage de Blonde Crazy (1931) de Roy Del Ruth mais en mode mineur toutefois car plus léger, L'affaire se complique lui permet de peaufiner son rôle d'escroc à la petite semaine, malin et baratineur, toujours prêt à dégainer le poing. Il y campe une espèce de publicitaire jamais à court d'idées pour se faire du fric, souvent en marge de la légalité. La mise en scène encore statique de Mervyn LeRoy (malgré quelques saisissants mouvements d'appareil comme ce travelling vers le visage de Cagney lorsqu'il est surpris à table avec une autre femme que sa fiancée) et une ambiance de vaudeville assez théâtrale l'ont bien sûr recouvert d'une couche de poussière, pourtant Hard To Handle épouse les traits d'une comédie débridée qui jamais n'ennuie grâce au jeu éternellement nerveux de sa tête d'affiche et à cette liberté de ton permise par le contexte du pré-Code, courte période durant laquelle le cinéma américain jouissait d'une certaine audace morale et d'une permissivité que le code Hays ne tardera pas à museler. 


Ainsi, quoique inoffensifs, tous les personnages ne brillent pas par leur honnêteté, gentils arnaqueurs seulement mus par l'appât du gain. Débitant des répliques savoureuses que ne renierait pas Groucho Marx,  Ruth Donnely  interprète la mère envahissante de Mary Brian (alors qu'elle est à peine plus âgée qu'elle !) qui ne pense qu'à l'argent. Elle vend les meubles d'un appartement qui ne lui appartiennent pas, engueule sa fille lorsque celle-ci fait mine de s'écrouler durant un épuisant concours de danse, ce qui les priverait toutes les deux d'un précieux pactole puis cherche à la marier à un parti avantageux... pour elle ! Bref, une mère indigne (mais follement amusante) inimaginable dans le Hollywood de la seconde moitié des années 30 qui cherchera au contraire à valoriser des héros à la moralité exemplaire. Reste que L’affaire se complique mérite surtout le coup d’oeil pour James Cagney, éternel cabochard dont l’énergie trapue emporte tout  (21.10.2022) ⍖⍖


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