CinéZone | Mitchell Leisen - A chacun son destin (1946)


Si les films avec Errol Flynn (Les aventures de Robin des Bois, Les conquérants, La charge fantastique), Autant en emporte le vent et d'autres productions de la Warner Bros (The Strawberry Blonde) l'ont rendu célèbre, Oliva De Havilland n'est pourtant pas moins déçue par les rôles qu'on lui propose. Désireuse de prouver ses talents de comédienne, elle s'oriente à partir de la seconde moitié des années 40 vers des sujets plus dramatiques sinon plus sombres capables de la mettre en valeur. Double énigme (1946) de Robert Siodmak, La fosse aux serpents (1948) d'Anatole Litvak ou L'héritière (1949) de William Wyler ornent une belle collection de portraits de femmes graves et mélancoliques. Scellant son retour après trois ans d'absence, A chacun son destin ouvre la voie de cette reconnaissance. Elle y interprète une vieille fille qui retrouve en la personne d'un officier américain le fils qu'elle fut contrainte d'abandonner à la naissance. 


Le sujet est mélodramatique et rappelle les films de Bette Davis, référence d'ailleurs  totalement assumée par la sœur de Joan Fontaine mais par la force du scénario (de Charles Brackett) articulé autour de deux retours en arrière, To Each His Own s'élève au-dessus du thème classique d'une mère qui sacrifie son bonheur pour son enfant dont il balaie vingt-cinq ans d'une vie toute entière tournée vers cette progéniture, fruit d'un amour brisé avec un pilote d'avion mort avant qu'ils ne se marient et que les conventions tant sociales que morales de l'époque les ont obligée à se séparer. Avec tact et finesse, Mitchell Leisen (L'Aventure vient de la mer) dépeint l'évolution psychologique et la transformation physique de son héroïne. L'Oscar qui couronnera son interprétation est mérité tant Olivia De Havilland traduit avec beaucoup de justesse les émotions qui travaillent son personnage, de la jeune femme amoureuse à la mère privé de son enfant, envahissante auprès du couple qui a adopté ce dernier avant de se résoudre à s'éloigner de lui, la beauté tout d'abord radieuse puis vieillie mais pas encore fanée. Il parait impossible de ne pas verser une larme lorsqu'à la fin, Gregory comprend finalement que Jody est sa mère. Sans effet appuyé ni démonstratif. "Je crois que c'est notre danse, mère". Cette réplique suffit. Inutile d'en dire plus, d'en montrer davantage, à l'image d'une œuvre délicate qui illustre la grandeur du cinéma américain de l'âge d'or depuis toujours friand de ces drames sacrificiels. (19.12.2022) ⍖⍖⍖


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