Revoir Titanic vingt-cinq ans après l'avoir vu pour la première fois et sur un petit écran, c'est mesurer combien il demeure un grand film, une œuvre fleuve dans la belle tradition hollywoodienne, héritière en cela des Autant en emporte le vent (1939) de Victor Fleming ou de Ben-Hur (1959) de William Wyler, mètre-étalon avec lesquels elle mélange habilement l'intimiste au spectaculaire. Parfois objet de raillerie, moqueries qu'il doit à une première partie (trop) longue et romantique à laquelle succède le clou du film, le fameux naufrage, on craignait donc que Titanic ait mal vieilli. Certes les personnages s'avèrent souvent caricaturaux, certains dialogues trop ampoulés et la distinction de classe sociale au sein du navire par trop schématique. Mais les effets spéciaux n'ont visuellement rien perdu de leur force car mis au service d'une histoire efficace. La prouesse technique reste toujours aussi impressionnante, gravant dans la mémoire des images indélébiles. Extrêmement précise, la reconstitution nous plonge comme si nous étions sur le pont ou dans la salle des machines aux allures de forges infernales, d'entrailles cryptiques que peuple un monde souterrain comme autrefois dans les galères romaines.
On sent que James Cameron s'est totalement investi dans un projet qui, de prime abord, a pu étonner venant de sa part. Pourtant Titanic a toute sa place dans une carrière toute entière construite autour du rapport entre l'Homme et la machine. Chez le réalisateur, le mythe de l'homme démiurgique relève d'une obsession qui traverse tous ses films de Terminator à Abyss et qui ne pouvait finalement trouver mieux à s'exprimer qu'à travers le récit légendaire de ce Léviathan d'acier, monstre des mers réputé insubmersible auquel la nature (ou Dieu ?) rappellera funestement ses faiblesses. Cette confiance aveugle en la technologie mène l'Homme à sa perte C'est le mythe d'Icare puni pour son audace effrontée. En cela et par sa démesure évidente, Titanic porte incontestablement la griffe de James Cameron. La romance entre Leonardo Di Caprio et Kate Winslet peut faire sourire aujourd'hui et notamment la scène néanmoins culte emportée par la chanson de Cécile Dion mais par la grâce de ses comédiens, le metteur en scène évite la mièvrerie sinon le ridicule, filmant cette histoire d'amour avec une retenue dont à l'époque peu le croyait capable. Au-delà de son gigantisme typique hollywoodien, Titanic est en vérité un film simple, ce qui explique son caractère intemporel... (29.12.2022) ⍖⍖⍖⍖
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