Cachetonnant le plus souvent en salaud dans de petites productions, cela fait plus de trente ans que la carrière de Malcolm McDowell ne présente malheureusement plus beaucoup d'intérêt. Néanmoins, il lui arrive parfois d'apparaître dans un film plus ambitieux tel ce Evilenko pour lequel, certes, il endosse encore une fois un de ces rôles déviants qui lui collent à la peau mais qui lui offre malgré tout - et enfin ! - un personnage à sa mesure. Celui-ci est ni plus ni moins qu'un des pires tueurs en série de l'histoire, Andrei Cikatilo, surnommé le monstre de Rostov, et qui sévit en Ukraine alors que l'U.R.S.S s'effondre. En le rebaptisant Evilenko, le réalisateur David Grieco choisit d'en faire une incarnation du mal absolu et de réduire par conséquent son film à un thriller sanglant axé davantage sur le tueur que sur l'enquêteur qui le traque. On devine même une sorte de fascination morbide pour ce monstre auquel McDowell confère une folie hallucinée.
Plus ambigüe se veut en revanche la dimension politique qui imprègne le récit. Petit-fils du fondateur du parti communiste italien, on ne sait pas trop quel message - s'il y en a un - veut transmettre David Grieco. Condamne-t-il le communisme ou au contraire sa déliquescence ? Le fait que la déviance sexuelle qui ronge Evilenko soit présentée comme une maladie, une espèce de tumeur consécutive à l'effondrement de l'Union soviétique et du déclin moral qui l'accompagne en filigrane, laisse à penser que, sans chercher à défendre son personnage, par ailleurs présenté comme un communiste au nationalisme obsessionnel, Grieco semble vouloir illustrer les effets négatifs de la Perestroïka et de la chute de l'U.R.S.S. dont Evilenko serait la métaphore. Mais plus que cet aspect politique, le film doit surtout à Malcolm McDowell qui évite de peu l'outrance qui grevait ses performances dans Delirium (1990) ou Clinic (1995) par exemple et par le cadre à la fois sinistre et austère imposé par l'ex Union Soviétique. (20.04.2023) ⍖⍖
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