CinéZone | Terence Fisher - Frankenstein créa la femme (1967)


En regardant Frankenstein créa la femme, troisième film qu'il consacre au personnage imaginé par Mary Shelley, on comprend bien pourquoi Terence Fisher était le meilleur réalisateur de la Hammer alors même qu'il ne s'agit pourtant pas de son travail le plus abouti. Rythme tendu que ne mitent ni temps morts ni scènes inutiles, parfaitement souligné par la partition de James Bernard, humour macabre, transitions qui le sont tout autant (on passe de la guillotine qui tranche une tête au couteau de cuisine qui hache des morceaux de viande), le tout associé à ces décors grâce auxquels tous les villages d'Allemagne et d'Europe de l'Est auront toujours l'allure de ces bicoques imaginées par Bernard Robinson, signent la marque d'un véritable auteur. Si par sa temporalité, le film reprend les choses là où les avait laissées La revanche de Frankenstein (1958), faisant de L'empreinte de Frankenstein (1964), le seul de la série à ne pas avoir été réalisé par Fisher mais par Freddie Francis, une simple parenthèse déjà refermée, il prend cependant l'exact contrepied des œuvres précédentes. 


Cette fois, c'est le baron qui est ressuscité et non pas sa créature, celle-ci n'est plus laide mais au contraire belle et c'est une femme, ce n'est pas un cerveau qui est transplanté mais une âme. Enfin, bâti autour de la vengeance de Hans dont l'esprit survit dans l'enveloppe (très) charnelle de Christina, le scénario se concentre davantage sur la jeune femme et sa quête meurtrière que sur Frankenstein finalement relégué au second plan. Mais on retrouve néanmoins certains traits propres à l'univers fisherien tel que l'érotisme, cette fois-ci plus exacerbé que jamais, plus équivoque aussi du fait de la ressemblance entre Christina et Hans, ce qui confère un caractère presque homosexuel lorsque la belle séduit à tour de rôle ceux qui ont tué son père. Et comme toujours avec le cinéaste, le mal n'est pas tapi chez les parias (le baron) ou les rebus de la société (Christina, Hans) mais chez ces aristocrates oisifs et débauchés. Emballé en moins de 90 minutes, Frankenstein créa la femme est un modèle du genre, auquel Fisher offrira en 1969 un successeur plus brutal et cruel : Le retour de Frankenstein. (22.04.2023) ⍖⍖⍖


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