KröniK | Nachtmystium - Assassins : The Black Meddle Part I (2008)

Mon dieu, quelle claque ! Il est des albums qui, longtemps après avoir mis la chaîne hi-fi en sommeil, laissent encore leurs résidus dans le cerveau. C’est le cas de Assassins : The Black Meddle Part I de Nachtmystium. Après des débuts somme toute relativement classiques, on sentait bien depuis le mini Eulogy IV et plus encore Instinct Decay que les Américains étaient détenteurs d’un potentiel énorme qui ne demandait qu’à être extrait de sa gangue. Errant jusqu’à présent dans le sillage baveux et obscur de Leviathan et Xasthur (avec lesquels Blake Judd a participé à Twilight), en plus accessible toutefois, en plus rapide également, Nachtmystium fait désormais plus que frotter son dard à la croupe de Pink Floyd ; les préliminaires achevés, tous les deux copulent furieusement sous nos oreilles qui n’en ratent pas une miette. Assassins est le fruit de leurs amours, une sorte de black metal psychédélique et progressif, ce que confirme le rôle de Sanford Parker en charge des ambiances seventies avec ses synthétiseurs Moog (Klaus Schulze es-tu là ?). Malgré la présence de Tony Laureano, habitué à promener sa batterie dans des contrées bien plus brutales, le groupe y délivre une musique pleine de finesse. Ce quatrième opus longue durée débute avec l’intro « One Of These Night », allusion évidente au gang de David Gilmour qui résonne comme une déclaration d’intention et prend son envol avec le long « Assassins », œuvre tout d’abord tranchante comme une lame avant de se déployer dans une seconde partie instrumentale hallucinante dont le rythme s’accélère progressivement. Gigantesque. Au bout de ses dix premières minutes d’écoutes, on est déjà à genoux ! 


La machine s’emballe à nouveau avec le superbe « Ghosts Of Grace » que soulignent des riffs obsédants et venimeux. Précédé d’une intro mystérieuse, « Your True Enemy » se veut certainement le titre le violent du lot avec « Omnivore » et sa batterie tellurique, malgré un solo de guitare lumineux cependant que l’envoûtant « Code Negative », noyé sous des claviers qui dégoulinent les années 70 par toutes les touches, emprunte dans son final, quand la six-cordes s’élève tout la haut vers dans le ciel,  les accents du « Shine On Your Crazy Diamond » de Pink Floyd. Le disque meurt avec la trilogie « Seasick », dont le second pan, instrumental à l’instar du premier, emporté par le souffle d’un saxophone débridé, est une pure merveille.  Nachtmystium a donc trouvé le dosage parfait entre mélodie et brutalité : le fait de se nourrir d’influences à priori très éloignées de la chapelle à laquelle il se rattache, ne l’a pas pour autant  inciter à débander, à l’image du chant toujours aussi âpre du maître des lieux, Blake Judd. Dommage, pour une fois, que l’album ne dure pas plus longtemps. Comme on dit, plus c’est long… En même temps, à l’heure où la plupart des groupes se sentent obligés de bourrer leur rondelle jusqu’à la gueule, on ne va pas se plaindre quand on en trouve enfin un qui a compris qu’il ne sert à rien de vouloir franchir obligatoirement la barre des 60 minutes. On tient sans doute là, avec Darkspace III, le meilleur album de black metal de l’année 2008. Il confirme enfin que l’épicentre du genre ne s’enfonce désormais plus (moins qu’autrefois) dans le socle nordique, mais davantage dans le sol américain et dans celui de l’Europe médiane  et orientale. (27.08.2008) ⍖⍖⍖⍖

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