KröniK | OLOMUHD - The Absurd Silence Of A Mute World (2024)


Comme son nom l’indique, Olomuhd scelle l’alliance entre Loïc Grobely (OLO) et Samuel Vaney (Muhd donc mais aussi Cortez). Les deux hommes se côtoient depuis longtemps et partagent une même appétance pour les textures drone et ambient. Rejoints par un percussionniste (Michael Anklin) et deux chanteurs comme invités (Hemlock Smith et Mütterlein), ils enfantent The Absurd Silence Of A Mute World qui est à la fois le titre de leur première offrande sous cette énigmatique bannière mais aussi celui de l’unique piste qui l’articule, longue de presque trois quart d’heure. De part sa nature aussi immersive que pulsative et sa forme tentaculaire, l’oeuvre n’est pas aisée à déflorer, elle impose une écoute au casque, attentive et solitaire, ce qui est généralement le cas avec ce type de musique (si tant est que l’on puisse la définir comme telle) mais l’est encore davantage lorsque l’album en question se confond avec un seul long morceau. Bref, cette création se mérite. Elle se révèle pourtant passionnante d’un bout à l’autre, voyant de multiples détails et ajouts se greffer petit à petit à sa trame en une progression aussi hypnotique et que dramatique. Son format unitaire commande une description détaillée. 

Sur un socle ambient, des percussions martiales et stridantes résonnent tout d’abord à la manière d’un écho bruitiste et funèbre. Puis s’élève peu à peu comme un ressac électronique une masse enveloppante et immobile à base de drone fantomatique à laquelle s’enkystent ensuite des percussions, non plus autoritaires mais grêles et obsédantes. Un orgue aux accents liturgiques vient enrichir ce vaste ensemble sonore d’une mélancolie aussi poignante que trippante. A mi parcours, une narration surgit en une mélopée monotone que lèche une brume ambient. On devine un récit totalement désespéré, ce qu’accentue des sonorités orchestrales d’une puissance tragique. Le tout confine alors à une forme de transe imbibée d’une noirceur abyssale. Sans lumière. Sans issue. Sans fard. Sans illusion quant à une humanité anesthésiée, incapable de s’affranchir d’une férule totalitaire. La plainte s’achève sur le fracas bourdonnant de guitares drone dont le magma souterrain est fissurée par une voix androgyne noyée dans l’éther, plongeant plus encore The Absurd Silence Of A Mute World dans une inexorable désolation. Monumental à tous points de vue, cet album est une expérience inédite d’une portée émotionnelle inouïe, sonore et sensitive. (31.03.2024) ⍖⍖⍖

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