Parfois présenté erronément comme un western, ce que son titre français et un casting masculin évocateur du genre dans l'inconscient des cinéphiles pourraient en effet laisser croire, La nuit du massacre est en réalité une sorte de film noir ou du moins une tentative de l'être. Le résultat ne se montre malheureusement pas à la hauteur d'une affiche réunissant, excusez du peu, Tomas Milian, Fernando Sancho ou Anita Ekberg. Le sujet est banal - trahi par son complice à l'issue d'un cambriolage, un voleur cherche en sortant de prison à se venger - mais en collant au complice (Sancho) un fils aussi taiseux qu'énigmatique (Milian), ce matériau quelconque se pare d'une épaisseur supplémentaire et bienvenue, en ce sens où l'ajout de ce rejeton vient perturber la relation attendue entre les divers protagonistes.
Mais Jesús Balcázar (réalisateur de Quatre dollars de vengeance et scénariste de Superargo contre Diabolikus) se révèle bien incapable de presser tout le jus d'une telle brochette d'acteurs et de cet affrontement bizarre qu'il vide de toute la tension attendue. Circonscris le plus souvent à l'intérieur d'un bar, écrasé par une atmosphère poisseuse et indolente, le film manque de rythme et ennuie très vite. Plus grave encore, la plupart des comédiens sont totalement sous-employés. Bien qu'il offre une performance intéressante par son hiératisme, Tomas Milian n'a pas grand chose à se mettre sous la dent tandis que Anita Ekberg écope d'un rôle totalement décoratif. Seul Claudio Camaso, le frère de Gian Maria Volonte, impose une présence aussi forte qu'inquiétante dans la peau de ce voleur ravagé par la vengeance. En définitive, La nuit du massacre se suit d'un œil lointain dès que son action reste stationnée dans un sinistre tripot, illustrant comme souvent avec le cinéma de genre italien, la déception cachée derrière une vitrine prometteuse (affiche, casting, sujet)... (27.05.2023) ⍖
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