Cela fait déjà quelques années que le sombre Kanwulf dirige d'une main de fer son Nargaroth, l'une des figures de proue du décrié label teuton, No Colours Records, dont les membres ne doivent pas vraiment voter à gauche, à coups d'albums solides, dont certains se sont fait remarquer dans l'underground extrême (Black Metal Ist Krieg). Avec cette nouvelle cartouche, l'entité atteint l'apogée, l'Everest, le paroxysme de son style : quatre titres (plus une intro et une outro dispensables) pour plus de 70 minutes de zique ! Ces (très) longues plages lâchent les effluves d'un black lancinant comme peu sont parvenus jusque là à en produire. Ces complaintes, lentes et mélodiques, sont forgées autour de riffs dissonants tellement répétitifs qu'ils finissent par conférer à la musique de Nargaroth des allures de transe hypnotique. Ils forment un substrat mélancolique que fissure par moment le chant lointain et incompréhensible du sieur Kanwulf.
Du haut de ses 18 minutes au compteur, "Manchmalwenn Sie Schläft" se présente comme le point d'orgue de Geliebte des Regens, quand bien même, bâtis sur une architecture quasi identique, "Wenn Regen Liebt" et "Von Scherbengestalen und Regenspaziergang" se révèlent tout aussi obsédants. D'aucuns taxeront le leader exclusif de la formation allemande de fumisterie, lui qui va jusqu'à enregistrer deux fois un même titre sur le même disque ("Manchmalwenn Sie Schläft"), dans deux versions dont les différences ne sautent pas vraiment aux oreilles ; la démarche, contestable, fleure bon le remplissage et le foutage de gueule, le morceau en question aussi réussi soit-il ! Toutefois reconnaissons que pour tous ceux qui ont eu un jour envie de foutte le feu à une église en plongeant corps et âme dans l'oeuvre de Burzum, voir de trucider son voisin, ce Geliebte des Regens, est un pur joyaux à posséder d'urgence. Ceux-ci devront très certainement trouver leur bonheur dans ces longs coups de scalpel tellement répétitifs qu'ils semblent ne former qu'un seul et unique bloc noir et monolithique. Dans le genre, un chef-d'oeuvre ! (04.06.2007) ⍖⍖⍖⍖
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