KröniK | Neurosis - Times Of Grace (1999)


Déjà fort de cinq albums depuis le séminal Pain Of Mind en 1987, Neurosis livre avec Times Of Grace la pierre qui manquait pour s'imposer durablement en dehors de l'underground. Si à ses débuts, le groupe américain déversait avec rage un hardcore furieux, il offre dorénavant un autre visage à sa musique, plus lente, plus pesante encore, mais toujours aussi apocalyptique. Après une intro faussement calme, "The Doorway" déboule et c'est comme si une chappe de plomb nous écrasait, aidé en cela par la production granitique de Steve Albini. D'une densité extrême, suffocant et infernal, ce titre donne immédiatement le ton quant à la teneur d'un disque effrayant de lourdeur pachydermique, de noirceur et de désespoir. Chant possédé hurlé avec rage, riffs plombés comme prisonnier d'une nappe de goudron suintant un mal être presque palpable, les morceaux se succèdent, sans espoir de retour, sans rémission pour un auditeur qui ne peut sortir de cette écoute qu'exsangue. 


Mais entre deux explosions, il y a ses moments de pure grâce ("Under The Surface", "Exist", "End Of The Harvest",  l'instrumental celtique, "Descent" absolument divin ou le douloureux et pétrifié "Away"), d'une infinie beauté, lesquels annoncent déjà le virage plus atmosphérique que Neurosis empruntera avec The Eye Of Every Storm. Sans le savoir, en jouant , au sein de titres longs et étouffants, sur le mariage entre pauses contemplatives et explosions rageuses, accouplement à priori contre-nature, mais que les Américains combinent avec une harmonie naturelle, ils ouvrent la voie à tous ses rejetons, Isis, Pelican, Cult Of Lua, aujourd'hui vénérés mais qui seraient pourtant bien peu de choses sans les échappées préliminaires, les expériences de Neurosis qui, tel un Picasso ou un Braque de la musique, défriche des terrains vierges pendant de d'autres se contentent de surfer sur les modes.(30.05.2007) ⍖⍖⍖

Commentaires

Random posts

Index

Plus d'éléments

Goddess

Accueil