CinéZone | Cecil B. DeMille - Pacific Express (1939)


Après avoir végété dans l'ornière de la série B durant les années 30 (à l'exception de La piste des géants de Raoul Walsh ou d'Une aventure de Buffalo Bill de Cecil B. DeMille), le western se réveille en 1939 et accède soudainement à l'âge adulte grâce à une série de films remarquables : La chevauchée fantastique de John Ford, Les conquérants de Michael Curtiz, Le brigand bien-aimé de Henry King, Femme ou démon de George Marshall... Liste non exhaustive à laquelle il convient de rajouter évidemment Pacific Express. Comme Le cheval de fer (1924) de Ford, l'histoire raconte la construction du chemin de fer transcontinental de l'Atlantique au Pacifique entre 1860 et 1869 et à travers elle la rivalité entre deux compagnies, la Central Pacific dont le bataillon était surtout constitué de Chinois, et l'Union Pacific, quant à elle composée avant tout d'Irlandais. Après The Plainsman (1936) avec Gary Cooper et Jean Arthur, Cecil B. DeMille retrouve donc l'univers du western pour une œuvre épique comme il les affectionne. On reconnaît son goût pour les grandes épopées où les hommes doivent lutter contre les éléments et contre eux-mêmes, passer des épreuves avant de triompher. 


Si la production a pu bénéficier des véritables ouvriers de l'Union Pacific et alors qu'une de ses plus belles (et fameuses) scènes demeurent celle où les locomotives concurrentes finissent par se rejoindre, Cecil B. DeMille parait pourtant moins intéressé par la fresque historique que par le trio amoureux et les manigances d'une poignée de filous (dont Brian Donlevy, éternelle canaille de l'âge d'or d'Hollywood) qui se greffent à ce fait historique dont les péripéties (l'attaque des Indiens, l'accident de train dans les montagnes) se réduisent finalement à quelques trouées dans un scénario romanesque. Bien qu'habitué aux vastes entreprises, le cinéaste offre en définitive un spectacle presque intimiste, parfois même un peu bavard quoique non dénué d'action et d'ampleur. Mais il n'a décidément pas son pareil pour filmer des histoires d'amour magnifiques quand bien même Pacific Express ne possède pas la même force que Les conquérants d'un nouveau monde (1947) tant en terme d'aventures que d'émotion. Barbara Stanwyck distille ce mélange de douceur et de détermination qui n'appartient qu'elle, éclipsant sans peine le pourtant sympathique Joel McCrea et Robert Preston, rival au panache gouailleur mais pas si mauvais garçon que cela et qui a la bonne idée de se faire tuer par le sournois vilain (Donlevy bien sûr). Un grand western qui glorifie le mythe fondateur des pionniers et saisit parfaitement cette notion de frontière propre à l'Amérique dont la vision très manichéenne et blanche (dévorés par l'appétit du cheval de fer, le sort des Indiens lui importe peu) ne manquera toutefois pas de déplaire aux cinéphiles d'aujourd'hui incapables de replacer un film dans son contexte et dans son époque. Désormais taxé de quasi fasciste, Cecil B.DeMille possède cette fibre réactionnaire alors assez commune et sans laquelle son œuvre ne serait tout simplement pas ce qu'elle est. (30.06.2023) ⍖⍖⍖


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