CinéZone | John Woo - The Killer (1989)


Après avoir exécuté un contrat, un tueur est traqué par les commanditaire du massacre et par un flic avec lequel il va se lier d'amitié. En lisant le sujet du film, les cinéphiles reconnaîtront certainement l'une des oeuvres majeures de Jean-Pierre Melville, Le samouraï, réalisé en 1967, avec Alain Delon. Grand admirateur du cinéaste français, John Woo en a fait en quelque sorte le remake, à sa sauce évidemment. Impression renforcée par la présence de Chow Yun Fat, souvent présenté comme le Delon chinois. On y retrouve dans tous les cas ce même romantique froid et tragique. Pour beaucoup, The Killer représente la quintessence de l'oeuvre de son auteur et cela est même devenu banal de le dire. Néanmoins, tant par sa qualité que par les thèmes qu'il brasse, force est reconnaître que cela est sans doute vrai. On y butine en effet les obsessions chères à John Woo, telles que l'amitié, la trahison, l'affrontement entre deux personnalités, l'importance de la religion et du sacrifice. Sans oublier bien sûr ce pourquoi le réalisateur est réputé, c'est-à-dire ces gunfights démentiels. En fait, on peut dire qu'il existe trois attitudes possibles face à un tel film. On peut n'y voir qu'une débauche de violence, penser que Woo en rajoute dans l'hémoglobine et en être choqué. 


On peut aussi adopter l'attitude inverse et mourir d'admiration pour ces duels sanglants, ces massacres ciselés de main de maître. On peut trouver beaux ces ralentis qui magnifient la violence et la mort, fortement inspirés autant par Sam Peckinpah (La horde sauvage évidemment) ou Brian De Palma (Scarface). Mais l'une comme l'autre sont réductrices et passent à côté de l'essence du film qui ne se résume certainement pas - du moins pas seulement - à des bains de sang, aussi virtuoses soient-ils. The Killer est avant tout une superbe histoire d'amitié entre deux hommes, dans un premier temps opposés, pour finalement se rejoindre face à un ennemi commun. Il est également une belle histoire d'amour, la femme incarnant une sorte de rédemption pour le tueur. La fin, quand la jeune femme, aveugle, essaie de rejoindre à terre, le tueur mortellement blessé, n'est pas loin d'atteindre par son intensité celle de Duel au soleil de King Vidor. Acteur fétiche de John Woo, dont il matérialise les obsessions, Chow Yun Fat, après Le syndicat du crime 1 (1986) et 2 (1987) et avant A toute épreuve (1992), s'avère encore une fois grandiose, tant son charisme est immense. Il compose là l'admirable portrait d'un tueur tragique et romantique, prénommé Jeff, que seule une conclusion mortelle et sanglante peut achever. Comme Delon dans Le samouraï... (2001) ⍖⍖⍖


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