CinéZone | Mario Caiano - ... A Tutte Le Auto Della Polizia... (1975)

Ni giallo ni poliziottesco ni même film policier aux prétentions politiques, ... A Tutte Le Auto Della Polizia... est pourtant un peu tout cela à la fois. La fille d'un illustre chirurgien disparaît. Après plusieurs jours de recherche, la gamine de 16 ans est retrouvée morte au fond d'un lac. Elle a été non seulement assassinée mais l'autopsie révèle qu'elle était enceinte de trois mois. Commence alors une enquête acharnée à laquelle la position sociale du père de la jeune fille et les pressions politiques imposent prudence et discrétion et ce d'autant plus que les investigations conduisent rapidement à un réseau de prostitution mêlant députés et autres notables. Ce récit évoque la trilogie des lycéennes en péril (Mais... qu'avez-vous fait à Solange ?, La lame infernale et Enigme rouge) de Massimo Dallamano mais le film de Mario Caiano s'en distingue néanmoins, d'une part en ne sombrant jamais dans le sordide crapoteux malgré quelques jeunes filles dénudées (dont l'une d'entre elles se fait avorter) et surtout en accouplant le giallo au polar urbain. Après une mise en bouche un peu lente, ... A Tutte Le Auto Della Polizia... s'emballe réellement une fois le corps de l'adolescente retrouvé. Nous suivons alors l'enquête menée par le commissaire Solmi (Antonio Sabato) et sa collègue Giovanna (Luciana Paluzzi) sous les ordres du chef de la police Carraro (Enrico Maria Salerno). 

Fait plutôt rare dans les polars italiens de l'époque, le film détaille avec minutie les méthodes employées par les services de criminologie de la police.  Puis dans son dernier tiers, la bobine gagne en intensité en multipliant les meurtres sanglants qui la font basculer dans le pur giallo avec lame de rasoir et assassin mystérieux. Si, à l'instar de la plupart de ses confrères, Mario Caiano a tripoté tous les genres à la mode, du péplum (Ulysse contre Hercule) au western (Un train pour Durango), du giallo (L'œil du labyrinthe) au polar (Milano Violenta) justement, sans oublier l'horreur gothique (Les amants d'outre-tombe) et même la nazisploitation (Fräulein SS), son travail possède une rigueur qui l'exonère de ce dilettantisme dans lequel trop de cinéastes italiens s'enferrent trop souvent, qualité qui lui dicte un film solide, tenant en haleine tout du long et que sabrent des crimes mis en scène avec une inventivité certaine. Il convient enfin de louer l'interprétation de Antonio Sabato dans la peau du flic tenace auquel celui-ci confère une épaisseur rugueuse toute personnelle qui l'éloigne de la figure habituelle du dératiseur urbain chère à Luc Merenda ou Maurizio Merli. A mi chemin entre le polar et le giallo, ... A Tutte Le Auto Della Polizia... est un très bon film dont seul le dénouement convenu et trop vite expédié tempère (un peu) notre enthousiasme.  (05.07.2023) ⍖⍖⍖