CinéZone | Raoul Coutard - S.A.S. à San Salvador (1982)

 

Les grands directeurs de la photographie font rarement de bons cinéastes. Rudolph Maté a signé des films sympathiques (Midi gare centrale, Passion sous les tropiques) mais dans un registre de série B, ce qui n'est pas déshonorant. Idem pour Jack Cardiff qui, après Amants et fils, a perdu toute ambition. Au moins, pour se limiter à ces deux exemples, ont-ils néanmoins livré des bobines toujours agréables, souvent efficaces. Pire se veut en revanche le bilan de Raoul Coutard, d'abord reporter de guerre (en Indochine), chef opérateur emblématique de la Nouvelle vague mais auteur de trois films oubliables, l'ennuyeux Hoa-Binh (1970), le raté La légion saute sur Kolweizi (1980) et le nanar S.A.S. à San Salvador. A l'origine de celui-ci nous trouvons évidemment Gérard de Villiers qui le produit et en écrit le scénario tiré d'un de ses bouquins. Faire appel à Coutard n'était pas nécessairement une mauvaise idée, pourtant le réalisateur se montre incapable d'insuffler le moindre rythme à cette aventure d'espionnage exotique. Un comble pour un film d'action ! 


Tout sonne faux : bagarres et poursuites sont mollassonnes, les scènes d'amour gainées d'un érotisme digne d'un magazine de charme, la dimension vaguement politique de cette tentative de coup d'état, totalement ridicule. Et cerise sur le navet, c'est interprété (un bien grand mot !) avec les pieds. Lancé (?) par le déjà calamiteux Tarzan de John Derek, Miles O'Keefe, belle gueule et carrure d'athlète, possède le charisme d'une huitre, Antan Diffring cachetonne comme à l'accoutumée et les gonzesses sont assignées au rôle d'objets sexuels. Ce sont pourtant en définitive les actrices qui s'en sortent le mieux, de la vulgaire Sybil Danning à l'incendiaire Dagmar Lassander, dont la sensualité est la seule chose qui s'imprime un peu dans la rétine. Comparé aux James Bond dont le succès a aiguisé l'appétit de Gérard de Villiers et même à la trilogie Brigade mondaine (qu'il a également produite), au moins sauvée par la musique de Cerrone, S.A.S. à San Salvador fait plus que pale figure, il s'abîme dans la nullité la plus crasse et ringarde. Rigolo au demeurant mais au dixième degré ! (10.07.2023) ⍖


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