KröniK | No-Man - Flowermouth (1994)


No-Man, Porcupine Tree, Blackfield, Bass Communion, IEM, et bien d'autres encore, sont toutes les facettes d'un seul et même artiste : Steven Wilson, l'un des musiciens les plus talentueux apparus ces quinze dernières années. Bien qu'il ne soit pas son projet le plus célèbre, No-Man s'avère pourtant ce qu'il a réussi de mieux. Cette opinion n'engage que l'auteur de ces lignes et nombreux (la majorité, probablement) sont ceux qui ne la partagent pas. Pourtant ce Flowermouth de haute volée reste un argument de poids (nous y reviendrons). A la différence de Porcupine Tree par exemple, ce groupe encore malheureusement peu connu, est guidé par deux capitaines, deux artistes de grand talent que rien ne prédisposaient à se rencontrer et à créer ensemble de prime abord : Wilson, d'un côté, le multi-instrumentiste et le dandy Tim Bowness, au chant, de l'autre. Et cette alliance change beaucoup de choses car, bien que différents, les deux hommes se complètent à merveille. En outre, avec intelligence, Steven Wilson sait se placer en retrait par rapport à son compagnon de route, lequel porte littéralement toutes les chansons sur ses épaules grâce à sa voix douloureusement belle et émotionnelle. 


Flowermouth est peut-être le plus représentatif du style du tandem, en alternant longues pulsations presque progressives, bien que ce qualificatif se révèle inadéquat ("Angels Get Caught In The Beauty Trap", "Simple", "Things Change"...) et perles rock intimistes et pop, dans le bon sens du terme ("You Grow More Beautiful", "Animal Ghost", "Watching Over Me"...). Il est aussi certainement un des plus riches, au niveau instrumental et en terme d'ambiances, richesse qu'il doit en grande partie à la palette d'invités venus seconder le duo, parmi lesquels il faut à tout prix citer, s'il n'en fallait citer qu'un seul, l'immense Robert Fripp, qui retrouve d'ailleurs (c'était son idée, du reste), longtemps après, un de ses anciens musiciens au sein de King Crimson, Mel Collins. Du coup, Flowermouth est coloré de touches crimsoniennes évidentes et bienvenues, comme sur le final de "Shell Of A Fighter", notamment. Pour autant, l'identité du groupe est intacte et tous les titres portent sans contestation possible sa griffe, même quand des samples de Lisa Gerrard viennent accompagner Tim Bowness sur le sublime "Simple", enténébré par la présence infernale de Fripp. Ou comment fusionner en un instant magique la noirceur de Roi Cramoisi et la pureté de Dead Can Dance. Une référence, à l'image d'un groupe vraiment à part au sein de la scène rock britannique. (16.05.2007) ⍖⍖⍖

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