KröniK | No-Man - Heaven Taste (1995)


Publié en 1995, Heaven Taste est un album résolument à part dans la discographie de No-Man car, contrairement aux autres offrandes enfantées par le tandem Steven Wilson (Porcupine Tree) et Tim Bowness, celui-ci ne s'apparente que d'une manière lointaine à un tout homogène. Avec ses cinq titres, il se divise clairement en deux parties distinctes, la seconde n'étant composé que d'un seul morceau, instrumental de surcroit, de plus de 20 minutes, chacune unie par la présence d'un violon entêtant car, à l'instar du King Crimson des années 70, No-Man aime employer sur chacun de ses travaux un instrument particulier, fil rouge reliant les compos entre elles (songeons au rôle si important du saxophone sur Returning Jesus). A part, Heaven Taste l'est aussi par son caractère furieusement expérimental. 


Si le diaphane "Bleed"et la reprise de Nick Drake, "Road", éclairés par le chant suave de Tim Bowness, s'inscrivent parfaitement dans le répertoire du groupe britannique, encore que le premier s'accélère sur  des pulsations quasi electro lors d'un final infernal, que dire des néanmoins superbes "Long Day Fall" et le groovy "Babyship Blue", sans parler de cette longue pièce planante et hypnotique, conduite par des lignes de bass fretless énormes, qu'est le morceau éponyme, qui évoque davantage les escapades en solitaire de Steven Wilson au début de la carrière de Porcupine Tree (Voyage 34 notamment, en plus organique cependant) que le rock intimiste, émotionnel et dépouillé de No-Man, ce qui semble logique vu que le dit titre est l'oeuvre du guitariste seul, contrairement aux autres, qui demeurent le fruit d'un duo. C'est pourquoi, nonobstant son incontestable réussite - mais Wilson a-t-il jamais commis ne serait-ce qu'un faux pas ? -, Heaven Taste souffre sans doute un peu de son aspect schizophrénique. L'album semble tiré entre les deux personnalités à la fois complémentaires mais aussi opposées des deux cerveaux du projets, alors que d'habitude l'équilibre, la fusion entre les deux apparaît de fait plus évidente. Toutefois, cette remarque  n'atténue en rien la réussite de ce chef-d'oeuvre, un de plus, à mettre à l'actif des talentueux Bowness et Wilson.(15.05.2007) ⍖⍖⍖

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