CinéZone | Terence Young - Bons baisers de Russie (1963)


Sean Connery endossera à sept reprises le costard de James Bond (en comptant le non officiel Jamais plus jamais en 1983). Bons baisers de Russie est le deuxième d’entre eux. Un an auparavant, James Bond 007 contre Dr No a rencontré un fort succès qui pousse évidemment la United Artists à produire une nouvelle aventure de celui qui deviendra le plus célèbre agent secret de sa Majesté (mais pas que). Le roman From Russia With Love, publié en 1957, est retenu après que, selon la petite histoire, le président Kennedy l’a désigné comme un ses livres préférés. Toute l’équipe technique rempile : Terence Young derrière la caméra, Richard Maibaum au scénario, Ted Moore à la photographie ou Peter Hunt au montage. Bien sûr, Sean Connery est confirmé dans le rôle, incarnation machiste d’une virilité à la fois séduisante et ténébreuse tandis que Bernard Lee (M), Lois Maxwell (Moneypenny) et Desmond Llewelyn (Q) retrouvent les personnages avec lesquelles ils se confondront éternellement. Moins décontracté et plus complexe que son prédécesseur, Bons baisers de Russie n’en occupe pas moins une place à part au sein des James Bond dont néanmoins il fixe dans le même temps nombre d’invariants. 


A part, il l’est pour son ambiance étonnamment hitchcockienne. La longue séquence dans l’Orient-Express et plus encore la scène où Bond est attaqué par un hélicoptère sans oublier la blondeur érotique de la caution féminine, attestent de l’influence de La mort aux trousses (1959), matrice de tous les films d’espionnage des années 60 et 70 (Charade, Transamerica Express…). Pour autant, il établit aussi durablement les caractéristiques propres aux James Bond, déjà ébauchés par Dr No : pré-générique, méchant charismatique (Robert Shaw, inquiétant en tueur quasi silencieux), gadgets et multitude des lieux d’action (ici Istanbul et son lacis de rues tortueuses, Venise…). Il esquisse par ailleurs le gigantisme à venir (à partir de Goldfinger) que traduisent à la fois la monumentale partie d’échec et la figure machiavélique de Blofeld à la tête d’une organisation criminelle tentaculaire. S’il a quelque peu vieilli et paraîtra bien sage au jeune public qui le découvrirait aujourd’hui, Bons baisers de Russie égrène pourtant un charme à la fois suranné et chatoyant que les épisodes suivants ne distilleront plus tellement et auquel ne sont pas étrangères la composition délicieuse de Pedro Armendariz (qui, se sachant condamné par un cancer, se suicidera peu après), l’élégance de Daniela Bianchi) et cette simplicité joyeuse de romans de gare qui n’interdit pourtant ni une intrigue embrouillée ni une atmosphère sombre et paranoïaque. (16.08.2023) ⍖⍖



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