KröniK | Castevet - Mounds Of Ash (2010)


Exception faite du peu sérieux Crucifist, une ligne directrice évidente guide Profound Lore Records lorsqu’il décide de signer un groupe officiant dans le black metal. Bien que différents, Ludicra, Agalloch, Cobalt ou Krallice partagent une même vision de l’art noir, davantage considéré comme un terreau avec ses codes, ses invariants que comme une fin en soit ou un simple véhicule. Des hordes citées plus haut, c’est sans doute avec Krallice que Castevet entretient le plus de rapports. Que leur guitariste, Colin Martson ait produit Mounds Of Ash, est d’ailleurs un signe qui ne trompe pas. On y croise de nouveau ce black metal vertigineux et complexe, coulé dans un bloc sonore brut. Pour autant, les nouveaux venus ne vont (heureusement) pas aussi loin que leurs aînés dans l’érection d’une chapelle étouffante dont les multiples strates la rendent de prime abord peu digeste. Chez Castevet, le maillage, bien que dense, se veut moins tendu. Les titres déroulent une construction plus courte (entre quatre et sept minutes en moyenne), évitant de laisser le quidam sur le bord de la route. De fait, ceux qui regrettent que Dimensional Bleedthrough ou Diotima, les derniers Krallice, soient si longs et labyrinthiques, devraient trouver dans ce galop d’essai, que précédait un 7’ ep aujourd’hui épuisé, le juste équilibre entre violence, mélodie et technicité. 

Détenteur de cette identité extrême newyorkaise bien particulière, qui repose sur ce sens de la brutalité millimétrée alliée à une prise de son sèche et abrupte, Castevet usine sept pièces qui galopent sur des terres dévastées, que déchirent des breaks et autres cassures en pagaille, à l‘image de "Grey Matter" . Ces compostions sont un empilement de couches calcaires noires sur lesquelles guitare ferrugineuse et assise rythmique nerveuse plaquent des sédiments progressifs. Mais attention, progressif ne rime pas là avec "branlette" instrumentale stérile, plutôt avec une démarche à la fois évolutive et complexe. Le trio sait se servir de ses vigoureux outils tout en les utilisant pour bâtir un édifice imposant aux ramifications souterraines, sévères le plus souvent ("Stones"), parfois empreintes d’une réelle beauté, qui jaillit de ces riffs telluriques. Le court instrumental "Wreathed In Smoke", sorte de prélude à au colossal morceau final, "Harvester", témoigne de cette capacité à toucher le cœur et pas uniquement le manche. "Harvester". Parlons-en justement, car du haut de ses plus de sept minutes au garrot, ce titre dresse un véritable blockhaus épique que fissurent des ouvertures belles à en pleurer. Rien que pour lui, Mounds Of Ash mérite l’achat ! Voilà donc encore un très bon groupe, moins talentueux que Krallice, moins sombre également mais toutefois moins touffu et (relativement) plus aéré. Ceux qu'excite black technique y trouveront clairement leur compte. Décidemment, le label canadien a le nez creux. (30.08.2011 | MW) ⍖⍖⍖

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