KröniK | Hate Forest - Temple Forest (2007)


En digne émule de Varg Vikernes (Burzum), Roman Saenko aime bien aussi tricoter de la Dark Ambient à ses heures perdues. Si on pense bien entendu au projet à part entière qui le lui permet, Dark Ages, avec lequel il a déjà signé trois prières lugubres et glaciales, Hate Forest fut aussi, bien que dans une moindre mesure, l'instrument d'un art qui prolifère souvent à la périphérie du Black Metal, soit sous la forme d'une piste isolée le plus souvent ("Burning Churches" par exemple), plus rarement sous celle d'une œuvre complète. C'est néanmoins le cas de Temple Forest, déambulation électronique à l'histoire tortueuse. Au départ simple démo capturée en 2000 par le seul Saenko, le fruit de cette session solitaire sera une première fois publié en intégrant la compilation To Twilight Thickets cinq ans plus tard, avant d'être récupéré par le label Hammer Of Damnation qui le sort en 2007. En 2010, Funeral Industries le réédite finalement en vinyle, dans la foulée de The Curse et The Gates, le tout formant un ensemble de trois rondelles au packaging quasi identique, limité à 400 exemplaires et complété par un brouillon gravé en 2002 de "With Fire And Iron", que l'on découvrira plus tard sur Battlefieds (2003). 

Et si on ne saurait prendre cette demi-heure de musique répétitive pour autre chose que ce qu'elle est au départ, soit un enregistrement rudimentaire qui n'était absolument pas destiné à être commercialisé, Temple Forest témoigne toutefois du talent immense de son auteur qui se permet même de dépasser son maître spirituel en bricolant avec un matériel qu'on devine spartiate, des effluves sinistres d'où suinte un mal être absolu. Moins crépusculaire que ce qu'enfantera l'Ukrainien avec Dark Ages, véritable plongée dans un Moyen Age tardif au bord du chaos, ce modeste travail participe cependant de la mélancolie qui cimente toute l'œuvre du controversé musicien. Avec une économie de moyen, l'homme exprime plus de tristesse que bien des groupes se vantant d'être plus dépressifs que le voisin et ce faisant, renvoie à leur chères études bien des traine-savates persuadés qu'il suffit de pianoter sur un Bontempi pour communier avec la nature. Minimaliste, Temple Forest est austère et froid comme une forêt en hiver dont il réussit à capturer l'essence autant que l'esprit, mais ruissèle une beauté sinistre absolue. (21.09.2011 | MW) ⍖⍖⍖

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